Bayrou juste sur la dépense

Le 19 mars 2012

Le calme et la modestie réussissent à François Bayrou qui s'appuie sur des chiffres de la dépense publique conformes à ceux d'Eurostat. Son beau score à Radio France lui permet de remonter sa note, mais il reste bien loin d'Eva Joly en tête du classement de la crédibilité des candidats mesurée par Le Véritomètre d'OWNI-i>TÉLÉ, avec 60,8 %.

Ce lundi 19 mars, Marine Le Pen conserve sa dernière place du classement de l’indice de crédibilité du Véritomètre, permettant de vérifier l’exactitude de toutes les déclarations chiffrées des candidats. L’écart se réduit cependant pour les prétendants au sommet, les trois premiers tenant à moins de 3 % les uns des autres : Eva Joly, toujours première avec 60,8 % suivie de Jean-Luc Mélenchon avec 58,2 % et François Hollande avec 57,4 %.

Au cours des dernières 48 heures, l’équipe du Véritomètre a vérifié 59 citations chiffrées des candidats à la présidentielle1. Résumé des faits marquants du jour.

Bayrou dépense avec modération

Loin de sa déclaration incorrecte et enflammée dans “Des paroles et des actes” le 8 mars dernier, où François Bayrou estimait que “dans le premier gouvernement Balladur, la dépense publique [avait] explosé”, le candidat s’est apaisé sur la thématique des dépenses publiques, préférant des déclarations courtes et précises. Lors de l’émission Radio France Politique le 12 mars dernier, il évoque ce sujet à trois reprises :

Les dépenses publiques en France, elles, représentent presque 57 % de la totalité de la production annuelle du pays (…) L’Allemagne, ils sont à 46 % (…) Il y a trois ans, en 2008, [l’État] dépensait 53,5% [de la production annuelle totale].

Des chiffres que l’on retrouve sur le même tableau Eurostat concernant les dépenses des administrations publiques en pourcentage du PIB.

Ainsi, les dépenses publiques de la France représentaient 53,3 % du PIB en 2008, 56,6 % de son PIB en 2010 et celles de l’Allemagne 47,9 %. Si les chiffres cités par le candidat du MoDem ne sont pas strictement les mêmes que ceux de l’institut de statistique européen, ils sont tout de même extrêment proches (moins de 5% de marge d’erreur2).

Hollande voit tout en noir

Dans cette émission-fleuve que constitue “Des paroles et des actes3, François Hollande dressait, le 15 mars dernier, un portrait plutôt sombre du quinquennat de Nicolas Sarkozy :

“[depuis 5 ans] une dépense publique qui n’a cessé de progresser (…) des impôts qui n’ont cessé d’augmenter.

Les dernières données disponibles, d’Eurostat ou de l’Insee, ont beau dater de 2010 et 2009, elles suffisent à invalider les propos du candidat socialiste. En effet, en utilisant “n’a cessé” François Hollande sous-entend une hause continue de la dépense publique et des impôts.

Or, la dépense publique en France est passée de 52,6 % du PIB en 2007 à 53,3% en 2008 puis 56,7% en 2009 et enfin 56,6% en 2010. La différence est ténue mais elle existe : la part de la dépense publique en PIB a commencé à baisser en 2010. Même constat sur les prélèvements obligatoires, qui évoluent de 43,4 % en 2007 à 43,2 en 2008 et 42 % en 2009.

Sarkozy ne connaît pas ses amis

Nicolas Sarkozy a prononcé la perle suivante, lors de l’émission “Des paroles et des actes” du 6 mars dernier :

Moi Vincent Bolloré, j’ai pas un seul contrat avec l’Etat.

Outre la formulation à la première personne pouvant prêter à confusion, le Président-candidat devrait regarder le rapport d’activité du groupe de son ami avec un peu plus d’attention. En 2007, déjà, nos confrères du Monde.fr [édition abonnée] avaient réfuté cette affirmation faite par Nicolas Sarkozy, soulignant que la filiale logistique du groupe (SDV) avait obtenu plusieurs marchés, notamment avec le ministère des Affaires étrangères.

Le 10 novembre 2011, la même société s’est vue attribuer un marché public de l’Eprus (organisme chargé de la gestion des urgences sanitaires) référencé au Journal officiel. Selon son propre rapport d’activité, le groupe est par ailleurs titulaire de deux contrats de concession de l’Etat (licences WiMax régionales et oléoduc Donges-Metz / dépôts).

Vincent Bolloré n’a donc pas un seul contrat avec l’Etat. Il en a au moins trois.


Les vérifications des interventions sont réalisées par l’équipe du Véritomètre : Sylvain Lapoix, Nicolas Patte, Pierre Leibovici, Grégoire Normand et Marie Coussin.
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  1. L’équipe du Véritomètre a fixé des seuils de tolérance pour l’évaluation des chiffres des candidats : si la marge d’erreur entre le chiffre évoqué par le candidat et la donnée officielle disponible est comprise entre 0 et 5 %, nous considérons la citation comme “correcte” ; si la marge est entre 5 et 10 % on la qualifiera d’”imprécise”, enfin si la marge est de plus de 10% nous l’évaluerons comme “incorrecte” []
  2. voir règle ci-dessus []
  3. retrouvez l’intégralité de la vérification de cette intervention dans le courant de la semaine sur le Véritomètre []

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