Frédéric Lefebvre dissimule ses intérêts

Le 10 mai 2011

Frédéric Lefebvre pris en flagrant délit de cachotteries. Le secrétaire d’État n’a pas bien rempli sa déclaration d’intérêts. Mais OWNI a décidé d'aider tous les ministres qui ont oublié ici et là de rendre publics de menus intérêts.

Chaque semaine, OWNI vérifie les déclarations d’intérêts des membres de l’exécutif. On commence avec Frédéric Lefebvre.

Le chef du gouvernement François Fillon a demandé le 16 mars dernier que ses ministres et secrétaires d’État se montrent exemplaires sur ce point. Une volonté traduite par la mise en ligne le 21 avril de documents supposés présenter tous les intérêts financiers et professionnels des membres du gouvernement.

Au total 30 fichiers PDF, de trois à quatre pages chacun, accessibles sur le portail du gouvernement, mais laissant pour la plupart d’entre eux de nombreux espaces blancs. Premier à passer l’examen de vérification, Frédéric Lefebvre, ancien assistant parlementaire de Nicolas Sarkozy, Secrétaire d’État chargé du commerce, de l’artisanat, des PME, du tourisme, des services, des professions libérales et de la consommation. Selon un procès-verbal du 24 janvier 2011, la société de lobbying et de communications PIC Conseil a octroyé 220.000 euros au Secrétaire d’État Frédéric Lefebvre, en contrepartie des parts sociales qu’il détenait jusqu’alors dans cette société.

Au cours des trois dernières années, cette structure juridique, PIC Conseil, a principalement servi d’organe de direction d’un important cabinet de lobbying, Domaines Publics, qui propose aux entreprises, moyennant prestations financières, d’influencer les décideurs publics. Un cabinet également dirigé par Jean-Michel Arnaud, qui cumule – étrangement – cette fonction à la tête de Domaines Publics avec celle de patron de Métro France (la société de journaux gratuits, également détenue par TF1). Or ces liens récents de Frédéric Lefebvre avec l’industrie du lobbying, au croisement de la presse grand public, ne figurent pas dans sa déclaration d’intérêt.

Un oubli d’autant plus étonnant qu’au mois de novembre dernier, Le Monde révélait que le zèle de PIC Conseil avait permis à Frédéric Lefebvre de recevoir 99.800 euros de dividendes au titre de l’année 2009.

Dans le document qu’il a signé, Frédéric Lefebvre a ainsi rempli de manière déloyale la rubrique n° 5, intitulée Responsabilités et activités antérieures du membre du Gouvernement durant les trois dernières années précédant la nomination dans les fonctions ministérielles actuelles. Cette rubrique doit notamment faire apparaître les activités professionnelles et les autres responsabilités (secteur associatif ; participation aux organes dirigeants d’un organisme public ou privé ou d’une société…). Au titre de l’année 2008, Frédéric Lefebvre se contente d’indiquer:

- Conseiller régional Ile-de-France
- Député des Hauts-de-Seine

Cette année-là en réalité Frédéric Lefebvre détenait encore 50 % des parts de PIC Conseil, jusqu’au 28 avril, avant que sa participation ne passe à 49,9 % après une opération financière avec son principal associé, Steven Zunz. Un homme d’affaires également à la tête du cabinet Domaines Publics. Pour s’expliquer sur ses liens avec PIC Conseil, Frédéric Lefebvre avait autrefois déclaré sur LePost.fr:

Il ne faut pas confondre les revenus de placement avec les revenus d’activité (…) Je n’ai jamais envisagé de reprendre une quelconque activité dans l’entreprise que j’ai créée.

Certes, mais si Frédéric Lefebvre a conservé jusqu’à 24 janvier 2011 des parts en nombre aussi élevé dans la société PIC Conseil (jamais moins de 49 %), veillant elle-même au développement du cabinet de lobbying Domaines Publics, c’est que l’actuel secrétaire d’État y trouvait un intérêt. Et ce dernier devrait figurer en bonne place dans la déclaration du même nom.D’autant plus que la cession de part validée à 220 000 euros le 24 janvier dépassera largement ses revenus de secrétaire d’État pour l’année 2011; preuve que depuis 2008 les activités de lobbying de ses entreprises ont prospéré parallèlement à son ascension politique.


Crédits photo: Flickr CC Horia Varlan

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