Allomusic, le pari du streaming editorialisé ?

Le 7 décembre 2010

La monétisation des contenus, c'est le créneau qu'il faut investir pour attirer les editeurs et développer son catalogue. La nouvelle version d'Allomusic fera-t-elle de l'ombre à Deezer et Spotify?

Un mois après le lancement d’Allomusic, Guillaume Vialet nous offre un premier aperçu du virage engagé par ce nouveau concurrent de Deezer.

Allomusic est un portail d’information musical lancé en décembre 2009. Il se définit alors comme « le portail français de toutes les musiques ». Allomusic espérait alors atteindre 1,5 millions de visiteurs uniques d’ici mai/juin 2010, et 3 millions d’ici la fin de cette même année. Objectifs remplis ?
Lancé par Philippe Abitbol, Patrick Bruel, Gérard Darmon et Manu Katché, le site se voulait un Deezer associé à une richesse éditoriale et de contenus que le site d’écoute ne proposait pas (et ne propose toujours pas). Le site revendiquait alors une pléthore de services : écoute en streaming, téléchargement de titres, location de places de concerts, vente et échange de matériels neufs ou d’occasion, radios thématiques, forums, blogs, quiz, etc.

Allomusic nouvelle version : « on gagne à écouter »

Un an plus tard, force est de constater que le grand fourre-tout qu’était Allomusic (très décrié au lancement) a laissé sa place à un modèle beaucoup plus sobre calqué sur son compétiteur désigné, Deezer.

On retrouve toujours la dimension contenu de l’ancienne mouture, mais ils ne sont plus mis en avant comme l’étaient la WebTV, l’actualité ou le contenu produit par la communauté des internautes.
Le comparateur de prix répond lui aussi à l’appel, mais ne propose plus que le téléchargement MP3 auprès d’Amazon MP3, iTunes Store, VirginMega et Qobuz via de classiques liens en affiliation. Fnac.com brille ici par son absence.
Le site est dorénavant structuré par grands styles de musique :

  • Variété
  • Pop/Rock
  • Folk
  • Indé
  • etc.

Le site se présente maintenant lui-même comme « [le] plus grand catalogue de musique du monde » sans bien sûr avancer de chiffres A ma connaissance le plus grand catalogue de musique du monde est celui que propose l’iTunes Store d’Apple avec 14 millions de titres.
Orienté streaming à la demande, le site propose trois abonnements : le premier appelé Gratuit, est… gratuit (!) comme son nom l’indique. Il vous permettra d’écouter à la demande les titres proposés par le (très grand) catalogue d’Allomusic, l’écoute étant entrecoupée de spots publicitaires.

A l’heure où j’écris ce billet, l’écoute n’est pas disponible, le player semblant en effet souffrir de problèmes de jeunesse. Bêta oblige…

Deux autres formules payantes respectivement 4,99 € pour l’offre Argent et 9,99 € pour l’Or, font sauter la publicité et améliorent l’écoute qui est alors qualifiée de « qualité CD » pour un taux de compression de 320 kbps.
L’offre Or propose d’une part une application (Allogiciel) permettant d’écouter sa musique sans connexion et d’autre part une version mobile du site avec écoute (mais qui ne propose pas la lecture hors connexion). L’application mobile, disponible sur iPhone et Android a été lancée il y a quelques jours seulement.

Du point de vue ergonomique, le site est plus agréable à utiliser que son prédécesseur mais nous sommes encore bien loin des canons de Deezer ou Spotify, notamment au niveau de la recherche.

Une touche de Beezik

Allomusic a conservé du premier site le concept des points. Appelé AlloCrédits dans la v1, ils sont devenus des Zeeks.

Un « zeek » vaut aussi 0,001 €. Ces points permettent ainsi de récompenser des actions effectuées par les membres, comme par exemple l’inscription qui est créditée de 100 zeeks, soit 10 centimes d’euros, ou l’écoute d’une nouveauté gratifiée de 10 zeeks (1 centime).

Ces points peuvent être échangés contre des bons cadeaux d’une valeur de 1 à 50 € auprès d’Amazon et de la Fnac. Allomusic promet sur son site des gains pouvant s’élever jusqu’à 30 € par mois ! Tant sur le fond que sur la forme, nous sommes proches de Beezik.

Les zeeks se gagnent par exemple :

  • en devenant membre,
  • en écoutant les nouveautés de la semaine,
  • en envoyant des informations sur les artistes,
  • quand un autre membre écoute trois chansons de sa playlist,
  • en parrainant ses amis.

Afin d’encourager les abonnements, les gains sont doublés si vous êtes membre Argent ou Or.

Un compétiteur de taille pour Deezer et Spotify ?

Difficile de juger de la qualité de cette offre tant le site est encore grévé de bugs empêchant d’utiliser l’écoute de morceaux en streaming. La politique tarifaire est identique à Deezer (offres Premium et Premium+) ou Spotify (Unlimited et Premium), mais Allomusic ne communique pas sur la profondeur de son catalogue. Les majors sont-ils tous là (EMI et Universal Music sont citées comme partenaires) ? Quid des nombreux catalogues d’indépendants ?
Le contenu, encore présent mais remisé à un rôle secondaire, et la gratification de points feront-ils vraiment la différence ? Le modèle initial n’ayant semble-t-il pas trouvé son public, ce repositionnement opportun laisse malgré tout planer quelques doutes sur les chances de réussite de la start-up.

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Cet article a été initialement publié sur vialet.org

CC Flickr : sickmouthy

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