Les introvertis du web

Le 4 mars 2010

Les réseaux sociaux, formidable occasion de communiquer avec la terre entière, comment ça vous n'êtes pas sur Facebook ? Ben oui, il y a des gens qui les fuient volontairement. Kevin Kelleher, blogueur sur Gigaom, explique les raisons de ce comportement et ses conséquences sur l'économie du secteur, dans un billet que nous avons traduit.

escargot

Ces dernières années, le web a favorisé les extravertis. Les réseaux sociaux ont offert aux gens une nouvelle plate-forme pour diffuser leurs réflexions, se connecter les uns aux autres et accroître leurs contacts dans ce “royaume en ligne”. Le web social a même introduit une nouvelle forme d’extraversion, qui permet aux gens timides ou mal à l’aise avec les normes sociales habituelles de s’exprimer en ligne.

Beaucoup moins notable comme tendance, l’apparition des introvertis du web. Mais si certains introvertis du web peuvent l’être au sens classique -c’est-à-dire mal à l’aise avec les normes sociales- beaucoup d’entre eux ne sont pas timides du tout. Ils éprouvent simplement de la répugnance à avoir une présence publique sur le web. Et à terme, ils vont représenter un problème pour les sites sociaux comme Facebook ou Twitter, dont la croissance potentielle sera limitée à moins qu’ils ne les séduisent avec efficacité.

L’introversion sur le web n’est pas une question de technophobie ou de craintes liées à la sécurité. Quiconque a essayé de construire son réseau sur Facebook sait qu’il y a beaucoup de gens qu’ils connaissent dans la vie réelle avec lesquels ils ne peuvent pas être amis en ligne. Beaucoup de gens qui baignent dans la technologie depuis des années ou qui font sans problème leur achats sur Amazon, payent leurs factures en ligne, achètent des chansons sur iTunes – n’auront aucun intérêt à être présents sur les réseaux sociaux. D’autres les voient comme une corvée nécessaire pour leur travail. Certains encore ont des comptes dormants sur tous les principaux réseaux sociaux.

La vie privée sur le web, ça n’existe pas

Si vous demandez à un introverti du web pourquoi il n’est pas sur les réseaux sociaux, la réponse en revient souvent à une question de confiance, ou plutôt de manque de confiance. Il est suffisamment frustrant que chaque réseau social ait sa propre étiquette à maîtriser, mais beaucoup de personnes détestent faire l’effort car la réalité désagréable, c’est que la vie privée sur le web, ça n’existe pas.

Et typiquement, plus les introvertis du web comprennent la nature du web, moins ils sont enclins à s’exposer dessus. Pendant un temps, vous avez peut-être pensé que vous possédiez vos tweets, en fait pas du tout. Et si vous ne voulez pas que vos informations sur Facebook soient ouvertes au public, vous avez besoin de suivre avec attention l’évolution de ses paramètres de confidentialité. De plus, indépendamment de ce site, un commentaire banal qui dans une conversation hors ligne serait oublié, est conservé des années sur le web – et pourrait revenir vous hanter.

Pour les extravertis, tout cela ne constitue qu’une partie de la navigation sur le web social. Mais suffisamment de gens sont mal à l’aise vis-à-vis des réseaux sociaux pour que cette situation devienne une barrière à leur développement dans les années à venir. Actuellement, la croissance de Facebook est continue simplement parce qu’il y a de plus en plus d’extravertis qui s’inscrivent. Et Twitter en est toujours au stade de l’expérimentation concernant les moyens de monétiser.

Au final, la croissance va ralentir et ces entreprises vont voir les introvertis du web comme une part du marché à l’écart qu’ils vont devoir courtiser. Chaque introverti, après tout, est une opportunité perdue de faire de l’argent. Mais il est possible que cette caractéristique soit tellement inhérente au web social que ces personnes ne peuvent simplement pas être courtisées.


> Billet initialement publié sur Gigaom, traduit par Sabine Blanc et Guillaume Ledit

> Photo de Voyageur Solitaire-mladjenovic_n sur Flickr

> Photo de Une par Pierre Menié

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