OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 L’Internationale des hackers réunie en Serbie http://owni.fr/2012/05/10/linternationale-des-hackers-reunie-en-serbie/ http://owni.fr/2012/05/10/linternationale-des-hackers-reunie-en-serbie/#comments Thu, 10 May 2012 08:01:46 +0000 Florentin Cassonnet http://owni.fr/?p=109306 OWNI y était. L'occasion d'entendre des spécialistes de l'intrusion et du craquage. L'occasion surtout de confirmer que l'activisme politique ne peut plus se passer de l'hacktivisme. La société du spectacle a donné naissance à la société de surveillance, développée autour d'habiles fictions. Et l'activiste 2.0 est son sauveur. Entre bonnes bières et danses furieuses. Reportage.]]>

George "Geohot" Hotz sur la scène de Share à Belgrade, avril 2012 (cc) Share Conference

Dom Omladine, la Maison de la jeunesse de Belgrade. George Hotz monte sur scène et le public de l’amphithéâtre plein à craquer siffle, crie, applaudit à tout rompre. Ici, George Hotz est une superstar.

Une superstar sans guitare mais avec une télécommande, un ordinateur devant et un écran derrière lui : Geohot est hacker. Mais un “white hat” hacker qui entend le hacking dans son sens de détournement de l’usage originel de l’objet. En 2007, il hacke le premier iPhone pour pouvoir utiliser son propre opérateur téléphonique et non seulement l’entreprise AT&T. Il a 17 ans. En 2009, il se fait la Playstation 3, de Sony. Avant de monter sur scène, il enfile une veste de costume qu’il retirera juste après. Il parle vite, comme si le monde entier parlait l’américain. Pourtant, il s’exprime devant un auditoire international, à Belgrade, en Serbie.

Dans les gradins, comme un cliché, pratiquement tout le monde a un ordinateur ou un téléphone connecté à l’un des six émetteurs wifi prévus pour l’évènement, avec bien souvent une page Facebook d’ouverte. La Share Conference est un mélange d’activisme par nouvelles technologies interposées et de concerts/fêtes/musique.

Échelle des valeurs

George Hotz raconte l’histoire qui lui a valu son procès contre Sony (qui s’est terminé à l’amiable en avril 2011). “Je n’ai pas pas le droit de parler du procès, mais… j’ai quand même écrit une chanson de rap dessus.” La salle se marre quand il commence à rapper. Entre autres vers : “Mais putain, ils sont une entreprise et moi je suis la personnification de la liberté pour tous“. Plus tard, dans les escaliers, le jeune hacker se fait arrêter par des filles pour une séance photo. Le geek activiste politisé est devenu le chevalier des temps modernes.

George "geohot" Hotz sur la scène de Share à Belgrade, avril 2012 (cc) Share Conference

Chevalier des temps modernes ou “whistleblower” (lanceur d’alertes). C’est ainsi que Daniel Domscheit-Berg nomme les héros d’un monde où Bradley Manning (une taupe supposée de Wikileaks selon le Pentagone) serait en haut de l’échelle des valeurs. L’ancien numéro deux de Wikileaks qui s’est brouillé avec Julian Assange et une bonne partie de ses anciens collègues tente de développer depuis un an un site concurrent, Openleaks. Il s’agit, grâce à Internet, d’aller dans des endroits où on ne peut pas aller : “Est-ce que je connais l’agenda de mon gouvernement ? Non.” Internet serait un outil dans lequel des whistleblowers pourraient avoir confiance pour rendre publiques des informations, pour agir selon la morale et non forcément selon la loi : nouveau projet, nouvelles valeurs, nouveaux héros.

Activisme apolitique

Pourtant, l’évènement ne ressemble pas à un meeting de parti politique. Le ton n’est pas à l’endoctrinement, les conférenciers sont trop variés pour produire un discours monolithique, l’ambiance se rapproche de celle d’un festival où trop de choses ont lieu en même temps pour qu’une personne puisse assister à tout. Il faut donc s’élaborer son propre menu entre conférences, culture, sessions questions/réponses, séance et travail et bière au bar.

Rasmus Fleischer sur la scène de Share à Belgrade, avril 2012 (cc) Share Conference

Le rassemblement est a priori apolitique, au sens où aucun parti conventionnel ne saurait s’en prévaloir, mais son contenu est hautement politique. Rasmus Fleisher, l’un des fondateurs du Bureau for Piracy et de Pirate Bay, parle de “contre-révolution du smorgasbord digital” (buffet à la scandinave).

Si Internet est coupé quelque part, en Serbie, en Égypte, en Tunisie, on a besoin d’organiser un ’sneakernet’ (un réseau de coursiers), un ‘radionet’, avec des pirates, etc. Il faut réussir à combiner la vitesse (d’Internet) et la lenteur (dont a besoin la réflexion).

Jérémie Zimmerman, de la Quadrature du Net, se met à distance de tout parti politique. Même des partis pirates. Car il ne joue pas dans l’arène partisane mais plus dans le lobbying au long cours, même s’il n’aime pas le terme. Il veut changer les esprits des gens – et des parlementaires. Il parle de “guerre : copyright versus partage”.

Et on peut gagner cette guerre sans verser une seule goutte de sang. Il faut protéger Internet comme un bien commun décentralisé et non comme une entreprise privée.

Jérémie Zimmermann sur la scène de Share à Belgrade, avril 2012 (cc) Share Conference

Le lendemain, Andrew Keen, écrivain polémiste, dénoncera l’ambition de Facebook de devenir “le système opérateur central du réseau“.

Pouvoir danser

Il met en garde : “Big data companies are as exploitative as big oil companies or big pharmaceutical companies “. La veille, dans l’après-midi, Eben Moglen, l’inventeur de la Freedom Box, était sur l’écran pour délivrer son message. Vissé sur sa chaise comme accroché à sa cravate bleu clair, sa vidéo de 15 minutes prendra peu à peu l’allure d’un film d’horreur avec Big Data dans le rôle de Big Brother :

Partout sur la planète, dans les supposées démocraties comme la France, la Grande-Bretagne, les États-Unis, des lois et règlements sont mis en place pour collecter des données sur les citoyens. La search box (l’outil de recherche) livre ce qu’il y a dans nos têtes. Et Facebook, l’arme la plus menaçante pour la société, est entre les mains d’un enfant.

Si le fond de son intervention entre en résonance avec les propos de nombreux autres conférenciers, ce ton apocalyptique sonnait presque faux quand chaque soir, tout le monde partait faire la fête jusqu’à tard dans la nuit. Et ça se voyait sur les têtes à la reprise des conférences les lendemains midis.

DMX crew live DJ set (cc) Conférence Share, Belgrade, avril 2012

Présent lors de la première édition en 2011, Sam Graham Felsen, blogueur en chef de la campagne d’Obama en 2008, s’est lancé dans une définition de l’esprit :

Je ne veux pas de révolutions si je ne peux pas danser. C’est de ça dont il s’agit : créer le changement social tout en se marrant.

On retrouve ici le leitmotiv des Anonymous : haktivism et lulz (pluriel de lol ou la marrade virtuel). Mais rien de tout cela n’est neuf. Sauf que défiler derrière une camionette de la CGT avec Mireille qui chante du Renaud dans des enceintes saturées, ce n’est plus forcément la conception que les jeunes ont du “changement social tout en se marrant“.

Mourir dans 4 ans

Trois jours après la fin de Share Conference, je retrouve Vladan Joler à Novi Sad, troisième ville de Serbie. Il porte un T-shirt “Creative Commons”, répond ouvertement aux questions, mais garde toujours un oeil sur son fils de deux ans qui courre dans tous les sens. Ce serbe de 34 ans est le fondateur et directeur de Share Conference. Il revient sur l’évènement :

C’est un mix de gens de gauche, d’activistes, de hackers, qui sont généralement des cercles plutôt fermés, avec des fétichistes techno-Internet pour la révolution. Il s’agissait de rassembler au même endroit des enfants d’Internet, les mouvements d’open sources, des ONG, des universités, des gouvernements et des outils pour pouvoir voir the big picture.

Vladan Joler, fondateur de Share, à Belgrade, avril 2012 (cc) Share Conference

La première édition de Share Conference a eu lieu en 2011. Par exemple, était présent Sami Ben Gharbia, activiste sur Internet et opposant politique tunisien impliqué dans la révolution qui a chassé Ben Ali du pouvoir. Et les conférenciers de 2011 ont servi de programmation décentralisée pour trouver les conférenciers de 2012. “On voulait déconstruire l’évènement. Le rendre expérimental à chaque étape et d’année en année“, explique Vladan Joler. D’ailleurs, il souhaite à Share de mourir dans 3-4 ans et de faire naître plusieurs “contre-Share“.

Les lieux sont faits pour accueillir 2000 personnes. La place était gratuite à condition d’avoir participé au projet, ne serait-ce qu’en faisant une affiche. Mais pour ça, il faut des sponsors, car le rassemblement de trois jours coûte 200 000€. Et malgré les nombreuses attaques contre la centralisation monopolistique de l’Internet, Google est de la partie. Il a participé pour 5% (10 000€), mais Joler assure que cette participation de Google les a surtout crédibilisés auprès des bailleurs locaux. Et qu’il reste certains départements de l’entreprise californienne encore dans l’esprit hacker. C’est une initiative gouvernementale serbe, Digital Agenda, qui représente la plus grosse part du gâteau avec 25% (50 000€). Sur ces 200 000€, le noyau dur des organisateurs (soit environ 5 personnes) ne s’est pas encore payé. Ils travaillent dessus depuis des mois pourtant.

Acupuncture de société

Vladan Joler n’est pas un novice de l’organisation. Il fait partie de ces jeunes serbes qui avaient organisé à l’été 2000 les 100 jours du festival Exit, pour sortir Slobodan Milošević du pouvoir. Il était devenu le directeur artistique du festival qui a aujourd’hui pris une envergure mondiale. Il a créé Share pour sortir du divertissement et revenir à un contenu plus radical. Après l’édition de 2011, certains ont été déçus que Share se soit pas le début de la révolution. Mais s’il apprécie les partis pirates, Wikileaks, Anonymous, 99% et consorts, il voit plutôt Share comme une “plateforme neutre pour ces groupes et initiatives“.

Et ce genre de plateforme sur multiplie. Point Conference à Sarajevo (Bosnie), Engage à Skopje (Macédoine), Re:publica à Berlin… “Acupuncture de société“, c’est ainsi qu’il définit sa démarche hors des ONG et des partis politiques. Activisme politique, vision du futur et internationalisme : certains peuvent y voir le renouveau d’utopies politiques qui manquent aujourd’hui à une gauche de gouvernement.

D’ailleurs, avant de naître, le rassemblement a failli s’appeler “Le Printemps de Belgrade”. Et le printemps arabe, lui, n’avait pas encore commencé.


Photographies via Share Conference [CC-bysa]

]]>
http://owni.fr/2012/05/10/linternationale-des-hackers-reunie-en-serbie/feed/ 5
Du rôle du design dans les politiques publiques http://owni.fr/2011/01/12/du-role-du-design-dans-les-politiques-publiques/ http://owni.fr/2011/01/12/du-role-du-design-dans-les-politiques-publiques/#comments Wed, 12 Jan 2011 14:11:50 +0000 Perrine Boissier http://owni.fr/?p=41910 Publié en avril 2010 à la Documentation Française, le Design des politiques publiques est la première édition de la 27ème région, « laboratoire de transformation publique ». Issus du milieu du design, les acteurs de cette structure se proposent de réviser la conception de projets à caractère public à travers des méthodes liées au design.

Comment cette discipline que l’on range habituellement dans le monde de la forme et de l’image peut-elle intervenir dans le débat public ? N’est-ce qu’une question de relooking ou y aurait–il réellement un design de politiques ? Pour cette question, l’ouvrage  pourra être montré du doigt ou au contraire pris comme argument dans l’éternel débat de la définition du design… Mais, s’inscrivant dans les mouvements actuels de la société vers de nouvelles valeurs, les acteurs de la 27ème région entendent justement pratiquer leur discipline en proposant d’expérimenter des méthodes de design dans les actions publiques.

Du nom d’une 27ème région qui n’existe pas encore en France, Stéphane Vincent, directeur de projet, Romain Thévenet, chargé de mission “design de service” et Charlotte Rautureau, responsable administratif et financier, ont développé un petit laboratoire expérimental pour redynamiser les politiques publiques, répondant à la commande de l’Association des Régions de France. Leurs actions prennent la forme de résidences d’environ trois semaines in situ durant lesquelles designers, urbanistes, architectes, sociologues ou philosophes, intègrent des équipes d’acteurs locaux dans différentes régions. Leur programme est fondé sur la mise en relation des citoyens et des administrations locales, pour une réappropriation commune des décisions politiques. Cette publication est ainsi l’exposition d’initiatives mettant en œuvre cette nouvelle forme de “design” qui stimule l’innovation sociale.

L’innovation par la co-conception avec les utilisateurs

Les designers de “l’innovation sociale” considèrent le design selon une définition plus large que celle que l’actualité nous laisse entendre. Concentrés sur le mot conception plutôt que production, ils aspirent à un retour aux valeurs fondamentales de l’usage et des pratiques, valeurs que prônait déjà Moholy Nagy dans Vision in motion :

Le design n’est pas une profession, mais une attitude, affirmait-il. Les notions de design et de designer doivent être transformées. […] Il y a un design dans l’organisation de notre affectivité, de notre vie familiale, dans les rapports syndicaux, dans l’urbanisme comme dans tout travail réunissant les individus “civilisés”. Finalement, tous les problèmes en design sont fondés sur une unique préoccupation : le design pour la vie !

Cette citation prend aujourd’hui une véritable actualité ! C’est bien du travail de la vie et de la société dont témoigne le Design des politiques publiques. Design : “démarche de conception créative centrée sur l’utilisateur”, telle est la définition qui sert de référence à l’ensemble de l’ouvrage. S’il faut attendre la dernière page pour la lire clairement, le Design des politiques publiques est une des rares publications qui met les mots et les formes sur ces nouvelles pratiques du design qui tentent d’échapper à la société de consommation, pour travailler les relations. C’est une grande polémique au sein du design que soulèvent ces pratiques qui sortent du cadre de la production matérielle. Ce n’est pas pour autant que ces designers ne conçoivent plus d’objets ni d’espaces, mais leur démarche est particulière dans le sens où, travaillant en “co-conception” avec les usagers, ils répondent d’abord à un besoin de mise en relation des produits et services qui existent déjà.

« Il y a urgence et nécessité de transformer l’action publique », la première phrase du Design des politiques publiques annonce l’ampleur du sujet. Alors que les administrations et les organisations de proximité semblent toujours être dirigées par leurs instances supérieures, l’individu n’a plus qu’une “valeur de consultation, et jamais de construction”. C’est contre cet éternel problème de communication entre le monde des décisions politiques et administratives, et celui de leur application concrète, que les citoyens cherchent de nouvelles solutions. Avec les outils de l’interactif et du participatif, les designers s’efforcent de rendre lisibles les fonctionnements complexes d’une collectivité. Comprendre la globalité d’un système et faire en sorte qu’il fonctionne mieux pour prendre en main son avenir, tels sont les objectifs des acteurs de l’innovation sociale.

Recueil de multiples petites révolutions douces, ce livre témoigne de l’émergence d’une volonté globale de construire le nouvel “intérêt général”.

Ainsi, les cas présentés sont organisés en six chapitres qui révèlent le large champ d’action de l’innovation sociale : « l’éducation, le futur, l’isolement rural, les technologies relationnelles, la modernisation administrative et l’énergie ». Dans chaque chapitre sont présentés en moyenne six projets centrés sur la thématique, mais pour chacun, l’accent est mis sur la participation du citoyen. Il s’agit de “contribuer à la réinvention de la démocratie, mission que s’assignent tous ceux que laisse insatisfaits l’état de la délibération collective” écrit Christian Paul dans sa préface.

Bottom up

S’il ne sont pas initiés par la 27ème région, les cas cités et les projets exposés sont souvent l’œuvre du milieu associatif, d’une initiative communale ou des expérimentations dans le cadre de l’éducation. Bref, de petits réseaux d’échelle locale. Pour citer quelques exemples de ces initiatives centrées sur les questions de développement local, le collège de Walker au Royaume-Uni refond son organisation à partir du travail de diagnostic des élèves dans un projet appelé “Notre nouvelle école”. En Italie, la municipalité de Florence, en collaboration avec une dizaine d’associations investies dans le développement durable, met en place le “guichet EcoEquo”, pour réapprendre les gestes quotidiens du recyclage et de la récupération. On nous rapporte aussi beaucoup d’initiatives françaises, comme les ateliers d’installations du “pÔlau”, pôle des arts urbains de la municipalité de Tours qui joue à imaginer le futur de sa ville avec un collectif d’urbanistes, d’architectes et d’artistes. On peut lire encore l’histoire de l’association de la “m@ison de grigny” qui s’est montée autour d’une boîte à idées mise à disposition des habitants à l’initiative du Grand Lyon pour la création d’un pôle numérique et d’un réseau local.

Le foisonnement d’initiatives que recueille le Design des politiques publiques révèle la véritable capacité de petites collectivités à créer des réseaux d’animation et de développement local qui les rendent autonomes. Si elle n’est pas toujours leur but premier, l’autonomie est le résultat de plusieurs de leurs préoccupations : la recherche d’un mode de vie plus durable (investir les nouvelles énergies, faire vivre les producteurs et artisans locaux, organiser la récupération, la mise en commun des équipements, etc.), la recherche d’un nouveau réseau d’échange et de communication élargie (espaces communautaires, échanges de savoir-faire, fêtes de quartier, jardins partagés, etc.), ou encore la recherche de nouvelles formes de décision en “co-conception” (élaboration des services publics de proximité, éducation, santé, etc.) Si, en regard de toutes ces initiatives locales autonomes, tout le monde s’accorde alors sur la nécessité d’une politique du “bottom-up” (du bas vers le haut) selon laquelle les décisions et les projets sont conçus par et pour la population locale, en quoi a-t on besoin du designer ?

Le rôle du designer

Il faut tout de même noter que les initiateurs de ces projets (association, communes, institutions administratives, etc.) font souvent appel à des urbanistes, architectes, designers, collectifs d’artistes ou autres groupes créatifs. Il y a quelque chose chez les professionnels de la conception qui semble indispensable à l’organisation et la mise en place de ces projets. Ce que le design est capable d’y apporter, c’est d’abord une méthode d’analyse et de diagnostic des usages et des besoins. Pour les designers de l’innovation sociale, il s’agit de promouvoir, dynamiser et organiser les mouvements et les volontés qui émergent d’un groupe social. Ils produisent par exemple des   cartographies de réseaux qui mettent en lumière les acquis et les besoins d’un système. Là où les initiatives locales prennent forme isolément et empiriquement, le designer vient révéler un potentiel innovant souvent insoupçonné par les initiateurs eux-mêmes. Son intervention permet de mettre en perspective le projet avec la globalité du système : avec quoi et avec qui je suis en relation dans mon engagement ? Que puis-je apporter et prendre aux autres ? Comment aller plus loin ?

Le rôle du designer semble alors être plutôt celui d’un organisateur, d’un conseiller ou d’un médiateur. Mais outre cette facette morale que pourrait certainement assumer un sociologue ou un philosophe, le designer travaille la communication avec de nombreux  outils-médias, comme la photo, la vidéo, mais aussi avec les réseaux communautaires, les blogs, les services web, etc. Dans l’ère numérique qu’est la nôtre, l’outil “internet”, familier à la plupart des designers, semble indispensable à la mise en relation des groupes sociaux et à la diffusion de l’information. Un chapitre entier est dédié à l’utilisation de la technologie numérique, intitulée ici “technologie relationnelle”. La fluidité et la spontanéité de l’information numérique est une révolution dans la notion de proximité, elle permet tout type d’échanges à distance. “L’hybridation de l’activité numérique et de l’activité physique” devient un véritable outil de la densification des relations et des échanges. Cependant on peut émettre un doute sur le bénéfice des “mondes virtuels” qui peuvent naitre de ces nouveaux échanges. Des projets présentés comme le Métalab 3D, une île virtuelle sur laquelle des avatars se retrouvent pour les  réunions de travail, nous laissent perplexes quant au besoin primordial énoncé de recréer du lien social.  Peut-on parler de véritable relation dans un tel espace virtuel ? La question est soulevée à la fin du chapitre dans un entretien avec le philosophe Bernard Stiegler qui exprime très justement le risque que représentent les « réseaux qui favorisent le développement d’ersatz de relations [et] qui aggravent la misère relationnelle ». L’hybridation d’un monde virtuel avec la réalité reste pourtant un concept clé, tant que l’équilibre entre l’un et l’autre est respecté.

A l’opposé des pratiques virtuelles, on découvre le concept du  “prototypage rapide”, un véritable outil du passage à l’acte ! Emprunté au vocabulaire du design industriel, le prototypage rapide consiste en la mise en pratique instantanée d’un système dont on fait l’hypothèse durant la recherche du projet. Ces sortes d’expériences en contexte réel sont fondamentales dans la démarche de l’innovation sociale, car la confrontation avec la réalité permet de tester en direct la validité d’un système avant de proposer un projet : c’est possible ici et maintenant. En somme, la 27ème région dans ses “résidences” s’immerge totalement dans la vie des citoyens locaux, et réunit ainsi les personnes et les moyens nécessaires à l’émulation globale. Mais cette même méthode qui fait la dynamique créative des initiatives, fait aussi souvent de l’innovation sociale des événements éphémères. Comment faire pour que la richesse de la résidence existe plus durablement ? Comment faire pour qu’il y ait véritablement engagement des politiques à long terme ? C’est ce à quoi la 27ème région tente de répondre en proposant d’installer des “laboratoires créatifs” au sein des collectivités publiques pour faire durer la dynamique de projet.

Pas de design sans créativité

Moins que les capacités de médiation ou les compétences techniques d’un designer, c’est le rôle du créatif qui importe dans ces initiatives publiques. Proposer un projet de collectivité implique des “leaders d’expérimentation”. Les acteurs de l’innovation sociale ne sont pas tous designers de profession mais certainement tous capables d’imaginer, de construire et de mettre en œuvre un objet et un concept nouveau.

Si cet ouvrage révèle le rôle fondamental des créatifs dans une équipe de travail, il ne leur est pas pour autant destiné. Présenté comme un catalogue de projets succinctement exposés, le Design des politiques publiques laisse peu de place à l’interprétation : chaque chapitre se conclut par une double page d’ “enseignements” qui synthétise et expose les concepts à en tirer. Seules les pages d’entretiens viennent poser quelques questions théoriques autour des besoins de la société actuelle.

Ainsi, ceux qui cherchent des réponses aux questions du design social ne seront qu’à moitié satisfaits. En effet, le Design des politiques publiques s’adresse d’abord à un public étranger au milieu de la création. C’est pourquoi tant de didactique ! Il ne s’agit pas d’un ouvrage de recherche, mais bien d’un recueil de témoignages révélant le  potentiel de cette nouvelle relation élu/créatif. C’est avant tout aux collectivités publiques que sont destinés ces témoignages, et c’est pourquoi la 27ème Région les a fait publier à la Documentation Française. Pour ces éditions habituées à diffuser des guides techniques et informatifs de l’organisation publique, le Design des politiques publiques est certainement l’ouvrage le plus créatif de leurs publications.

L’ensemble est très rassurant, il en émane un élan plein d’espoir vers de nouvelles sociétés possibles… Les conditions d’accueil “chaises disposées en rond, paperboard et présentation rapide de chacun” semblent effectivement réussir en toutes situations ; on parle très peu d’échec… Quelques brèves lignes esquissent les réticences de certains habitants, mais les conclusions restent très enthousiastes. Quelle place pour l’erreur ? On peut se demander dans quelles mesures les mêmes méthodes ne mènent pas toujours aux mêmes résultats. Les initiatives pourraient-elles se standardiser ?

En réalité, l’intérêt n’est pas tant dans le résultat que dans le processus. C’est là la particularité du travail du designer en innovation sociale. C’est une démarche qu’il importe d’initier : proposer une  méthode de conception à s’approprier qui devienne support de l’innovation, une sorte de trame didactique sur laquelle on peut construire. Ainsi, derrière les conclusions proprement “désignées” de chaque projet, on sent bien que les “marches à suivre” des designers ne sont pas si définies et qu’il est toujours possible, et même souhaitable, de se les approprier puis de s’en émanciper…

Finalement, si certains lecteurs attirés par les mots design et politique peuvent ressortir frustrés de cette “visite guidée” destinée aux collectivités publiques, l’ouvrage n’en reste pas moins une bible de références actuelles des actions de l’innovation sociale ! Revendiquant la voix  des créatifs au sein des décisions qui concernent l’usage public, celui-ci s’impose également comme l’une des rares publications de design qui affirme ses responsabilités politiques et sociales. Espérons alors que ce foisonnement d’initiatives séduira les institutions visées.

– — –

Article initialement publié sur NonFiction.fr

photos flickr CC thinkpublic ; Jean-Jacques Halans ; erik roscam abbing

]]>
http://owni.fr/2011/01/12/du-role-du-design-dans-les-politiques-publiques/feed/ 8
Evolution de la consommation collaborative au rythme des réseaux http://owni.fr/2010/11/15/evolution-de-la-consommation-collaborative-au-rythme-des-reseaux/ http://owni.fr/2010/11/15/evolution-de-la-consommation-collaborative-au-rythme-des-reseaux/#comments Mon, 15 Nov 2010 10:57:33 +0000 Hubert Guillaud http://owni.fr/?p=35680 La consommation collaborative correspond au fait de prêter, louer, donner, échanger des objets via les technologies et les communautés de pairs”, explique le site éponyme lancé par Rachel Botsman et Roo Rogers, les auteurs de What’s mine is yours, the rise of collaborative consumption (Ce qui est à moi est à toi, la montée de la consommation collaborative).

Ceux-ci affirment d’ailleurs que cette pratique est en passe de devenir un “mouvement”. Un mouvement qui va des places de marchés mondiales comme eBay ou Craiglist à des secteurs de niches comme le prêt entre particuliers (Zopa) ou les plates-formes de partage de voitures (Zipcar). Un mouvement dont les formes évoluent rapidement, comme le montre le secteur automobile par exemple, où nous sommes passés de la vente de voitures par les constructeurs au partage de voitures (Zipcar, StreetCar, GoGet… et Autolib bientôt à Paris) au covoiturage (Nuride qui est plutôt un système de compensation pour inciter les gens à prendre d’autres types de transports, Zimride, Goloco ou Covoiturage en France) à la location de voiture en P2P (DriveMyCar, GetAround, RelayRides, WhipCar). Dans la monnaie, nous sommes passés des banques établies, à des systèmes de prêts entre particuliers (Zopa, Peepex…), puis à des monnaies alternatives (Superfluid ou Batercard…).

“La consommation collaborative modifie les façons de faire des affaires et réinvente non seulement ce que nous consommons, mais également comment nous consommons”, affirment ses défenseurs. De nombreuses nouvelles places de marchés voient ainsi le jour en ligne : que ce soit les systèmes qui transforment les produits en service (on paye pour utiliser un produit sans avoir besoin de l’acheter), les marchés de redistribution (qui organisent la redistribution de produits utilisés ou achetés quand ils ne sont pas ou plus utilisés) et les styles de vie collaboratifs (des gens avec des intérêts similaires s’assemblent pour partager bien, temps, espace, compétences, monnaie, comme dans le cas des achats groupés sur l’internet via les ventes privées, ou du développement des espaces de Coworking comme les Cantines en France).

La liste des sites web permettant ce type d’échanges gagne toutes les thématiques : de l’échange de maison (HomeExchange) à la location de chambre ou de canapés chez le particulier (Airbnb et Couchsurfing) ou de parking en ville (ParkAtMyHouse), voire de jardins (Urban Garden Share ou Landshare)… au prêt de matériel électroménager (Zilok), à celui des produits culturels (Swap), ou de fringues (thredUP), ou à l’échange de la production du jardin (LePotiron)… jusqu’au partage de compétence (Teach Street ou Brooklyn Skill Share) et bien sûr au don d’objets usagers (Kashless, FreeCycle et autres Ressourceries…).

Cliquer ici pour voir la vidéo.


Vidéo : la vidéo promotionnelle du livre de Rachel Botsman et Roo Rogers.

Les fans du partage ont déjà leur magazine : Shareable.net. D’un coup, L’âge de l’accès que décrivait brillamment Jeremy Rifkins dans son livre semble être en passe de s’être réalisé… mais pas de manière uniforme. Les visions et les modèles économiques qui président à la “consommation collaborative” n’ont pas tous la même orientation politique, ne partagent pas toute la même vision de l’économie et du fonctionnement de nos sociétés, tant s’en faut. Certains donnent clairement lieu à des modèles d’affaires qui n’ont rien d’altruiste (Groupon a généré 500 millions de dollars de revenus cette année), alors que d’autres proposent ouvertement un autre modèle de société et d’échange.

Un mode d’échange par défaut

Pour Rachel Botsman et Roo Rogers ces systèmes ont “tendance à devenir, par défaut, la façon dont les gens échangent que ce soit des biens, des lieux, des compétences, de la monnaie ou des services”. Et des sites de ce type apparaissent chaque jour, tout autour du monde. Mode ou phénomène de niche qui devient phénomène de masse ? Difficile à dire parce qu’il n’est pas évident d’arriver à mesurer ce phénomène.
C’est pourtant ce que veut proposer le site Collaborative Consumption, tenter de donner une mesure au phénomène, tout en recensant les outils et en centralisant la discussion sur cette évolution, pointe Bruce Sterling sur Wired.

Jenna Wortham pour le New York Times a ainsi loué un Roomba, ce robot aspirateur, pour 24 heures via la plate-forme SnapGoods. Une plate-forme parmi de nombreuses autres comme NeighborGoods ou ShareSomeSugar. Il existe bien d’autres services de ce type, allant des services d’achats groupés comme Groupon ou Vente privée, aux sites de voyages entre pairs comme Airbnb, aux sites d’échanges de maisons comme Home Exchange, voir même aux sites d’investissements collaboratifs comme My Major Company ou Kickstarter.

Il y a plusieurs formes de consommation collaborative : les formes où l’on achète en commun, de manière groupée, un bien ou un service pour obtenir le plus souvent un prix ; et les formes où les gens se prêtent, se donnent ou s’échangent des biens et services plutôt que de les acheter, estime Jenna Wortham.

Pour Ron Williams, cofondateur de SnapGoods, ce phénomène est lié à ce qu’il appelle “l’économie de l’accès” qu’évoquait Jeremy Rifkins. “Il y a une sensibilisation croissante au fait que vous n’êtes pas toujours heureux d’hyperconsommer. La notion de propriété et la barrière entre vous et ce dont vous avez besoin est dépassée.” La crise est également passée par là et le fait de pouvoir tester un produit avant de l’acheter réfrène (à moins qu’elle ne l’encourage) l’hyperconsommation dans laquelle notre société a depuis longtemps basculé, comme le souligne Gilles Lipovetsky dans son essai sur la société d’hyperconsommation.

Pour autant, ces places de marchés ne devraient pas renverser le modèle traditionnel avant longtemps, estiment les spécialistes. “Ce n’est pas la fin de notre vieille façon de consommer. Mais petit à petit, l’échange entre pairs pourrait bien devenir la façon par défaut dont nous échangeons”, estime Rachel Botsman.

Du produit au sens de la communauté

En attendant, les gens louent un nécessaire de camping pour un voyage, plutôt que de l’acheter, passent la nuit chez d’autres habitants plutôt qu’à l’hôtel… Pour les gens qui louent leur matériel, c’est une façon de se faire un peu d’argent, voire de rentabiliser leur achat. Ce n’est pas pour les économies qu’ils permettent de réaliser que ces services devraient gagner en popularité, mais parce qu’ils renforcent le sens de la communauté.

Ces services transforment un bien de consommation en un moyen de rencontrer ses voisins, estime un utilisateur actif. “Nous surfons sur le désir d’avoir toujours de réelles connexions avec la communauté”, estime Paul Zak, directeur du Centre pour les études en neuroéconomie de la Claremont Graduate University. L’interaction sociale réduit l’émission d’hormones de stress, même en ligne, estime le chercheur qui a montré que poster un message sur Twitter déclenchait une libération d’ocytocine, un neurotransmetteur de satisfaction. Selon lui, le commerce en ligne est appelé à se déplacer au-delà des transactions pour développer l’interaction et les contacts sociaux, comme nous le faisons déjà dans les magasins réels.

Le web ramène le business à l’individu à mesure que les sociétés de commerce en ligne deviennent plus petites, plus spécialisées, de niches. Paradoxalement, le web nous ramène à un modèle d’affaires centré sur l’humain.

Voilà longtemps que les places de marchés comme eBay utilisent la notation et les critiques des consommateurs pour créer un sentiment de confiance entre les participants et éliminer les participants non fiables, en plus de protections techniques. Cette nouvelle vague de systèmes de pairs à pairs utilise également les réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter pour susciter de la confiance. “Cette nouvelle économie va être entièrement basée sur la réputation, qui fait partie d’un nouveau tournant culturel : votre comportement dans une communauté affecte ce que vous pouvez faire ou ce à quoi vous pouvez accéder dans une autre”, estime Rachel Botsman. Pas sûr que la réputation soit aussi poreuse d’une communauté l’autre, ni que l’utilisation des sites sociaux comme systèmes d’identification suffise à transformer la relation d’échange. Comme le montre le succès du BonCoin, il n’y a pas nécessairement besoin de ce type de fonctionnalités pour développer les échanges.

Article initialement publié sur Internet Actu.net sous le titre “La montée de la consommation collaborative”

>>Crédit photo Flickr CC : colodio

>Capture d’écran du site Neighborgoods

]]>
http://owni.fr/2010/11/15/evolution-de-la-consommation-collaborative-au-rythme-des-reseaux/feed/ 50
Lift France : Marseille prend l’ascenseur vers le futur http://owni.fr/2009/06/12/lift-france-marseille-prend-lascenseur-vers-le-futur/ http://owni.fr/2009/06/12/lift-france-marseille-prend-lascenseur-vers-le-futur/#comments Fri, 12 Jun 2009 15:01:19 +0000 Guillaume Ledit http://owni.fr/?p=1585 banner_web_liftfing


La conférence internationale sur les nouvelles technologies, née à Genève en 2002, atterrit au Palais du Prado à Marseille, les 18, 19 et 20 juin 2009. Mais qu’allons-nous y découvrir ?

Lift (littéralement l’ascenseur), drôle de nom pour une conférence sur les nouvelles technologies ? D’autant plus que cet ascenseur-là ne nous conduit pas dans les allées d’un salon comme on en a l’habitude, mais dans celle d’une conférence d’un autre type où se croisent hackers, designers, chercheurs et entrepreneurs. Des intervenants en provenance du monde entier qui viennent à Marseille pour réfléchir et échanger sur les impacts de la technologie sur nos vies.

De quoi sera-t-il question ?

Les trois jours de conférence portent sur trois sujets en prise avec l’évolution de l’innovation. Il sera notamment question de “l’internet des objets”, c’est-à-dire de comprendre les transformations que va produire l’arrivée du réseau jusqu’à nos objets quotidiens. Quand nos parapluies clignoteront à la porte de nos maisons pour nous signaler de ne pas les oublier parce qu’ils ont reçu du service météo l’information qu’il va pleuvoir. Quand tout un chacun sera capable de construire son tee-shirt clignotant et connecté… Quels sont les enjeux de cet internet qui après avoir connecté les ommes entre eux, s’apprête à connecter tout le reste ? Pour Daniel Kaplan, délégué général de la Fondation internet nouvelle génération (Fing), coorganisateur de l’évènement : “Il y a une ambition transformatrice dans l’internet des objets comparable à celle qui anime l’imaginaire d’internet”. Car en transformant le rôle des objets via l’internet, le but est aussi de transformer notre rapport aux objets.

Autre sujet au coeur de ces deux jours : le développement durable et les nouvelles technologies. C’est-à-dire comprendre en quoi le changement climatique est causé par le comportement humain et en quoi la conception même des technologies peut nous aider à changer nos comportements. Comment permettre à chacun de mesurer l’impact de ses actions sur la planète pour en avoir conscience ? Et d’évoquer notamment ces compteurs d’eau ou d’électricité qui vous aident à réduire vos dépenses en vous les affichant sous les yeux…

Une conférence sur l’innovation ou sur la politique ?

Dernier sujet : “l’innovation sociale”. Sous cet étrange vocable, se cache en fait toute une branche de l’innovation qui se veut plutôt non technologique et qui est faite par les gens plutôt que par les ingénieurs. Comment chacun d’entre nous et tous collectivement pouvons-nous être des innovateurs du quotidien ? Au croisement de l’économie sociale et solidaire ou de la démocratie participative, s’inventent, de par le monde, de nouvelles formes d’implication des citoyens dans la vie de la cité, dans la redéfinition et la rénovation des services publics. Ainsi, on voit des hôpitaux travailler avec des patients atteints de maladies mentales pour qu’ils coconçoivent les services dont ils ont besoin. L’idée est d’utiliser des méthodes d’animation pour inviter les gens à concevoir les services publics qu’ils utilisent : que ce soit les usagers (et les non-usagers) du réseau de transport qui définissent les itinéraires, les horaires et les services accessibles depuis les transports en commun qu’ils utilisent, que ce soit de réduire le taux de maternité des adolescentes en concevant avec elles des méthodes de prévention efficaces pour faire chuter la maternité adolescente.

Décidément, c’est à croire que sous couvert d’innovation, cette conférence va essentiellement parler de politique !
Toucher du doigt l’avenir des technologies

Mais Lift, ce n’est pas seulement de grands discours d’experts sur l’avenir qui nous attend ou que nous pouvons façonner de nos mains. C’est aussi l’occasion de toucher et d’essayer des prototypes fonctionnels pour se plonger dans le futur. En essayant les vêtements communicants de Natacha Roussel, qui transmettent les données biologiques des personnes qui les portent. En portant la montre verte, une montre équipée de capteurs environnementaux permettant de mesurer le bruit et l’ozone et faisant de chaque citoyen qui la porte un capteur mobile de l’état de notre environnement immédiat. En essayant le casque de réalité augmentée d’Adelin Schweitzer qui nous interroge sur les limites de notre perception et sur les contraintes que peuvent nous imposer les machines vidéo. En jouant du Karlax, un instrument de musique imaginé par Rémi Dury, qui capte nos gestes pour les transformer en symphonies…

Un évènement phare de l’innovation ?

Avec un public en provenance de 45 pays différents, dont au 2/3 étranger, les organisateurs de la conférence pensent dépasser l’objectif initial des 500 participants attendus et imposer ce nouveau rendez-vous dans l’agenda évènements majeurs sur les nouvelles technologies, plutôt rares en France. Vu le succès des autres éditions de Lift en Asie ou en Europe, c’est tout le mal qu’on leur souhaite. En tout cas, ce sera une belle occasion de croiser l’écrivain de Science Fiction Bruce Sterling ou Gunter Pauli le directeur de l’initiative de recherche pour les émissions zéro carbone, ou encore Rob van Kranenburg, un théoricien hollandais de l’innovation assez stimulant … Des noms pas nécessairement connus du grand public, mais un ensemble de penseurs et de bricoleurs qui devrait assurer l’originalité de la rencontre.

Disclaimer: Owni est partenaire de cet évènement, bénéficiez à ce titre d’un tarif réduit en utilisant le code promo “lift09-RWW” lors de votre inscription (le prix de la conférence passe ainsi de 750€ à 450€).

]]>
http://owni.fr/2009/06/12/lift-france-marseille-prend-lascenseur-vers-le-futur/feed/ 1