OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Brésil : les projets pour plus de transparence pour les élections 2010 http://owni.fr/2010/09/20/bresil-les-projets-pour-plus-de-transparence-pour-les-elections-2010/ http://owni.fr/2010/09/20/bresil-les-projets-pour-plus-de-transparence-pour-les-elections-2010/#comments Mon, 20 Sep 2010 10:27:27 +0000 Manuella Ribeiro (trad. Jean Saint-Dizier) http://owni.fr/?p=28607 Ce billet a été originellement publié sur Global Voices, écrit par Manuella Ribeiro et traduit par Jean Saint-Dizier.

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La réforme de la loi électorale brésilienne, approuvée en 2009, va avoir un impact positif sur les élections générales qui se profilent à l’horizon d’octobre 2010 :  elle va offrir un accès à plus d’informations que jamais. Ainsi, un grand nombre de projets de transparence émergeant de la société civile, du secteur privé ainsi que du secteur public sont en train de travailler ensemble, utilisant activement les outils des nouvelles technologies dans le but d’améliorer la visibilité de l’élection et d’impliquer au maximum les citoyens dans la prochaine célébration de la démocratie.

En octobre, quelques 135 millions [liens en portugais] de Brésiliens voteront pour élire le président, les gouverneurs, sénateurs et députés fédéraux des différents d’états ou de districts. L’année dernière, la Réforme électorale a ouvert les portes à la politique 2.0 en autorisant les partis à faire usage des réseaux sociaux (Twitter, Facebook etc.) pour mener des campagnes d’appel aux dons et participer à des débats en-ligne.

Avant les élections, de multiples discussions étaient déjà en marche sur des questions telles que la transparence, l’engagement civique et la surveillance des politiques publiques. Google a créé une plateforme pour l’élection, compilant des renseignements sur les candidats aux présidentielles et présentant une carte interactive du résultat des élections depuis 1994, centralisant également les initiatives les plus dynamiques de la société civile: Campanha Ficha Limpa (“Campagne Fiche Propre”), Excelências (“Excellences”), Movimento Voto Consciente (“Mouvement pour un vote conscient”), VotenaWeb (“Vote sur le web”), and Eleitor 2010 (“Électeur 2010”).

La plateforme de Google encourage les électeurs à poser des questions à leurs candidats en passant par YouTube channel. Les candidats répondront à la télévision aux meilleures d’entre elles, choisies par les utilisateurs.

Paula Góes, éditrice sur le site multilingue Global Voices, écrit à propos de la Campagne Ficha Limpa: “Le projet de loi Ficha Limpa (casier judiciaire vierge, littéralement “Fiche Propre“)… cherche à empêcher les politiciens ayant commis un crime grave, tel qu’abus de biens publics, corruption, meurtre et trafic de drogues, de se présenter à des élections.” Le Movimento de Combate à Corrupção Eleitoral [Mouvement de combat à la corruption électorale] a commencé la campagne en 2008 et préparé le terrain (au Brésil, tout citoyen peut proposer une loi si celle-ci obtient un nombre de signatures suffisant).  Avaaz.org a joué un rôle important dans la collecte des signatures ainsi qu’en mettant la pression sur les législateurs pour qu’ils approuvent la loi. Celle-ci a été promulguée par le président Luiz Inácio Lula en Juin 2010.

Le tribunal Supérieur Électoral a décrété la validité de la loi Ficha Limpa et précisé qu’elle était exécutoire pour les élections 2010. Suite à cette décision, les initiateurs de la campagne ont mis en ligne un site dont le but est de vérifier si des candidats sont en règle avec la loi avec, en plus, la possibilité de visionner les données recueillies et des nouvelles glanées dans les médias. Le site propose aussi un formulaire pour signaler tout comportement douteux des candidats.

Si un candidat souhaite entrer dans la liste du site Ficha Limpa, il ou elle doit tenir sa promesse de transparence tout au long de la campagne en présentant un rapport hebdomadaire sur ses dépenses ainsi que d’autres informations. Quarante candidats sont déjà enregistrés.

Vote Conscient est une association fondée en 1987. Elle a pour objectif de consolider la participation citoyenne en informant les électeurs sur les politiciens et leurs compétences. Ils disposent aussi d’un site web pour présenter ces informations et les nouvelles relatives à l’association. Ils font preuve d’une grande activité en-ligne, telle que participation aux réseaux sociaux, publications et vidéos. Par exemple, le  mouvement dans la ville de Jundiai a publié un document sur 16 candidats-députés de différents états et des renseignements sur la manière d’utiliser Internet pour surveiller les hommes politiques ou proposer des solutions aux problèmes rencontrés par leur villes.

Les autres projets présentés par la plateforme de Google ont servis de cas d’études pour  Technology for Transparency Network. VotenaWeb a été étudié pendant la première phase de notre recherche, tandis que Excelências et Eleitor 2010 seront à leur tour présentés dans les prochaines semaines.

Votenaweb permet aux citoyens de comparer leurs votes, sur les projets de lois du congrès, à ceux des politiciens. A partir d’une interface claire, les projets de lois sont traduits en langage simple, dans un contexte clairement défini, tout comme les conséquences qu’elles induisent. En plus de constituer des archives sur les votes sur certains projets de lois en particulier, les utilisateurs peuvent aussi interagir avec la classe politique en votant symboliquement pour ou contre à chaque votation. Cet outil aide les citoyens à choisir pour qui voter en leur permettant de remonter dans l’historique des votes des candidats sur plusieurs années (NdT: de manière à apprécier  l’activité de leur candidat).

Excelências a été créé en 2006 par Transparência Brasil (“Transparence Brésil”). Excelências se sert d’internet pour produire de l’information sur les parlementaires brésiliens et la rendre accessible au public. Ils utilisent des données officielles pour augmenter la transparence des 2 368 politiciens. De la même manière que VotenaWeb, Excelências aide les citoyens à prendre des renseignements sur les candidats aux élections de 2010.

Les collaborateurs de Global Voices Paula Goes et Diego Casaes sont les coordinateurs de Eleitor 2010.

Eleitor 2010 (”Elector 2010″), qui a récemment fait l’objet d’un billet sur Global Voices par Janet Gunter, entend surveiller les élections 2010 au Brésil. Le projet fait également usage d’internet pour recevoir les plaintes sur les irrégularités observées pendant la campagne. Il (le projet) tire profit de la plateforme de crowdsourding Ushahidi pour documenter et situer sur des cartes les informations soumises par les citoyens via SMS, e-mails, Twitter et d’autres réseaux sociaux. Les coordinateurs sont Paula Goes et Diego Casaes, tous deux de Global Voices.

De multiple projets au Brésil traquent le comportement des candidats et surveillent le travail des politiciens après leur élection. Congresso Aberto (“Congrés ouvert”) permet de visualiser et analyser des données officielles en provenance du Congrès brésilien. Sur Cidade Democratica (“ Démocratique City”), les citoyens alimentent et discutent des questions municipales et des solutions possibles, tout comme ils débattent des propositions des candidats et visitent leurs profils en ligne. Enfin, Adote um Vereador (“Adoptez un politicien”, plus précisément, un conseiller municipal) encourage les citoyens brésiliens à bloguer pour rendre compte du travail de leur élu officiel local afin de le tenir pour responsable (NdT: de ses actes). Bien qu’aujourd’hui Adote um Vereador s’intéresse  plus particulièrement  aux politiciens locaux, Milton Jung, l’un des fondateurs, espère étendre le projet aux politiciens nationaux bientôt élus en octobre.

Autres projets

Un grand nombres d’autres initiatives sont aussi à l’œuvre en ce moment au Brésil pour développer la participation citoyenne :

  • 10 Perguntas (“10 Questions”): Jusqu’au 03 septembre, les citoyens peuvent envoyer des questions au candidats à la présidentielle. Après cette date, les candidats répondront aux 10 meilleures questions choisies par les utilisateurs
  • Eu lembro (“Je me rappelle”): Ce site recherche des informations sur tous les candidats dans les réseaux sociaux tels que Twitter, Wikipedia, Busk et YouTube. Il fournit aussi une plateforme sur laquelle les utilisateurs peuvent échanger sur les candidats.
  • Quanto vale seu candidato? (“Combien vaut ton candidat ?”): Ce site permet aux citoyens de visualiser le patrimoine de divers candidats.
  • Voto Certo (“Vote Bien”): Ce site contient des information sur les élections 2010, telles qu’une liste des candidats, les financements de campagne, et une carte des campagnes électorale ainsi que leur calendrier.

Conclusion

Les prochaine élections sont marquées au sceau de la plus grande utilisation d’internet jamais vue au Brésil, tant par les candidats que par les citoyens. Par exemple, tous les candidats à la présidentielle ont un compte Twitter ou sur d’autres réseaux sociaux. Le premier débat en ligne de la campagne électorale, organisé par un fournisseur d’accès à internet, a dépassé les 1,7 million de spectateurs et il a gardé la tête des Trending Topics sur Twitter pendant toute sa durée.  Ces outils ne sont pas réservés aux candidats et aux médias. Certaines ONG, des citoyens et des entreprises font de même dans le but d’améliorer leur accès à l’information sur les candidats ou pour superviser la campagne. La plateforme de Google publie une bonne partie de ces expériences.

Si tout se passe bien, outils technologiques et connectivité vont aider le Brésil à élire les meilleurs hommes politiques pour les quatre prochaines années et à créer une base de données sur ces politiciens, ce qui gardera éveillé leur sens des responsabilités pour leurs actes au gouvernement. Malgré une expérience relativement courte de ces outils, on peut dire que grâce aux prochaines élections, Internet, au Brésil, va s’ancrer comme un des espaces les plus importants pour divulguer de l’information sur les candidats et sur leurs actions au gouvernement.

Photos CC Global Voices et FlickR CC : The World Wants a Real Deal

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Le gouvernement australien saute dans le 2.0 http://owni.fr/2010/09/07/le-gouvernement-australien-saute-dans-le-2-0/ http://owni.fr/2010/09/07/le-gouvernement-australien-saute-dans-le-2-0/#comments Tue, 07 Sep 2010 06:30:05 +0000 Julien Leyre http://owni.fr/?p=27117 Julien Leyre est résident australien d’origine française a initialement publié cet état des lieux du gouvernement 2.0 en Australie sur RegardsCitoyens.org. Il est chargé du dossier Government 2.0 au Department of Primary Industries du gouvernement de l’État de Victoria. Il a écrit cet article en collaboration avec Deborah Peterson, deputy secretary en charge des politiques publiques et de la stratégie.

Le gouvernement australien vient d’annoncer ses nouvelles avancées en matière de gouvernement 2.0. Le 16 juillet 2010, la Ministre des finances et de la dérégulation Lindsay Tanner déclarait ainsi : « le gouvernement australien déclare que, pour promouvoir une plus grande participation démocratique, il s’engage à l’ouverture en développant une culture de l’engagement citoyen, fondée sur une plus grande accessibilité de l’information et des données détenues par l’État , et soutenue par une utilisation innovante de la technologie. ». Cette déclaration s’inscrit dans le cadre d’une série de projets et de déclarations similaires, tant au niveau de l’État fédéral que dans les états fédérés.

La pièce maîtresse de ces développements récents est un rapport remis le 7 décembre 2009 au gouvernement fédéral intitulé Engage: getting on with government 2.0. On y trouve 13 recommandations visant à développer l’engagement citoyen via une meilleure utilisation des nouvelles technologies. Parmi les mesures proposées, on trouve la modification du système de droit d’auteur pour les publications administratives, la création d’une autorité chargée d’encadrer le développement du gouvernement 2.0, et diverses mesures ayant pour but de rendre le fonctionnement du service public plus collaboratif et plus transparent. Le gouvernement fédéral a répondu favorablement à ce rapport en approuvant 12 des 13 recommandations. La première consistait en une déclaration publique d’ouverture gouvernementale, ce qui est désormais chose faite.

Cette politique d’ouverture apparaît ailleurs. Une nouvelle loi sur la liberté de l’information (Freedom of Information Act) a ainsi été votée en mai 2010, rendant accessible au public la majorité des données détenues par les agences gouvernementales. En outre, ces agences doivent publier un rapport annuel et un certain nombre d’informations concernant leur organisation interne rapport annuel. De façon générale, il s’agit de sortir d’une culture considérant que toute information doit, par défaut, être tenue secrète.

On trouve un message similaire dans un rapport sur l’avenir du service public intitulé Ahead of the game (« En avance sur son temps »). Celui-ci recommande un meilleur partage de l’information et des données du secteur public, et propose des mécanismes pour en améliorer l’accès. Notons aussi un effort continu vers la réduction des lourdeurs du système bureaucratique et la simplification des procédures de contrôle et de régulation.

Agir sur les administrations publiques

Le premier champ d’action ainsi défini concerne le mode d’organisation des administrations. Il s’agit de promouvoir l’ouverture en insufflant une nouvelle culture du service public afin de permettre un meilleur partage de l’information, une plus grande participation et un plus grand contrôle des citoyens sur le fonctionnement de leurs institutions.

Plusieurs stratégies sont développées pour y parvenir, à commencer par une présence accrue en ligne des agents de l’État. Ainsi, le code de conduite des agents du service public australien comprend depuis 2009 un long paragraphe sur la participation aux discussions et débats en ligne. Des restrictions s’appliquent — confidentialité, respect, impartialité, etc. — mais le texte engage explicitement les agents à participer aux discussions et forums en ligne, et à faire usage de leur expertise pour clarifier les termes du débat tout en se mettant à l’écoute des citoyens.

Des plates-formes web à destination des fonctionnaires sont aussi mises à l’essai. Au niveau fédéral, on peut mentionner le blog Govspace qui recense les projets réalisés par le service public australien pour encourager le partage d’expérience et les discussions. De son côté, l’État de Victoria a développé pour ses fonctionnaires l’intranet « VPS Hub » qui permet notamment de former des groupes d’intérêt, de lancer des projets communs ou de participer à des forums sur des thèmes transversaux entre divers services, sans passer par les hiérarchies et les divisions bureaucratiques traditionnelles.

Ouvrir les données du service public

Mais le champ d’action ne se limite pas à la gouvernance des administrations. Un point central du rapport sur le Gouvernment 2.0 invite à considérer les données et les informations détenues par les administrations publiques comme une ressource nationale, source de valeur potentielle, et dont il convient de faire bénéficier l’ensemble du pays. Rapports, statistiques et projets doivent être accessibles pour que le public puisse analyser et éventuellement critiquer les mauvaises pratiques, mais aussi à des fins de recherche ou pour leur réutilisation par quiconque le souhaiterait.

Un tel changement n’est pas simple : traditionnellement, toutes les publications gouvernementales australiennes sont strictement protégées par le régime du ‘crown copyright’ (ou copyright de la couronne) qui interdit de les reproduire ou les réemployer sans en demander la permission, un processus long pour le demandeur et coûteux pour l’État. Le gouvernement fédéral ainsi que l’État de Victoria ont dorénavant donné leurs accords de principe pour que tout document développé par le service public soit désormais publié par défaut sous une licence libre autorisant le partage et la réutilisation (CC-BY) dont un groupe d’étude envisage les modalités précises d’application. C’est déjà sous ce régime qu’a été publié le budget fédéral 2010 - 2011 ainsi que l’essentiel des jeux de données sur la version beta du data.australia.gov.au.

Deux agences à mission plus scientifique – l’Australian Bureau of Statistics et Geoscience Australia – publient déjà la plupart de leurs documents sous cette licence. L’extension de ce régime à des données culturelles (musées, télévisions publiques, …) est également à l’étude.

Pour répondre aux questions d’accessibilité, le gouvernement propose par ailleurs un formatage systématique en HTML plutôt qu’exclusivement en PDF, permettant ainsi la lecture automatique. Citons également l’initiative de la capitale fédérale Canberra avec le site Daily on Demand, qui donne accès individuellement aux interventions des parlementaires sous format vidéo.

Encouragement à l’e-participation

Le site AussiesVote.com présente des visualisations de données électorales pendant la campagne.

Signalons enfin des initiatives visant plus directement la participation du public. Plusieurs juridictions organisent des concours de réutilisation – ou mashup – des données ouvertes par le service public. On peut mentionner aussi des initiatives comme Fix My Street dans la capitale fédérale, qui permet de signaler directement les problèmes de voirie au conseil municipal, à l’image du projet citoyen de mySociety en Angleterre. Dans l’Australie de l’ouest, le Shared Land Information Platform (« plate-forme d’information géographique partagée »), recense l’essentiel des données géographiques et propose des exemples de réutilisation en vue de nouveaux mash-ups comme le projet primé LobbyLens.

Les citoyens se saisissent progressivement également de ces pratiques et viennent les enrichir avec diverses initiatives invitant au dialogue comme la plateforme de commentaire OurSay.org, ou proposant un regard sur les évènements de la vie démocratique avec par exemple OpenAustralia.org, myPolitician.com.au et diverses expériences liées aux récentes élections comme Aussies Vote ou encore la reprise du projet anglais ElectionLeaflets.org.au.

Mentionnons pour finir l’initiative de la région métropolitaine de Melbourne : le plan de développement décennal 2010 - 2020, Future Melbourne, a été proposé aux commentaires du public sous la forme d’un wiki. Le site web offrait également la possibilité de poster des commentaires sur un blog ou, plus original, d’imaginer des ‘scénarios futurs’ pour le grand Melbourne.

Il est encore tôt pour juger du succès de ces développements récents et de leurs effets sur la vie démocratique : le développement du gouvernement 2.0 va-t-il permettre une meilleure participation des citoyens à la vie démocratique, ou conduire au contraire à une surreprésentation de certains segments de la société, mieux connectés, plus riches et plus éduqués ? La transformation proposée du service public produira-t-elle des agents de l’État plus en phase avec leurs administrés ou surchargera-t-elle de travail les services publics ? Quoi qu’il en soit, ces récents développements placent l’Australie parmi les pionniers dans ce domaine, et ceux qui s’intéressent à l’influence d’internet sur le développement des institutions démocratiques peuvent garder un œil attentif sur les Antipodes.

Pour en savoir plus (en anglais) :

Cet article sous CC-by-sa initialement publié sur Regardscitoyens.org

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