OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Liberté, j’écris ton pixel http://owni.fr/2009/09/03/liberte-jecris-ton-pixel/ http://owni.fr/2009/09/03/liberte-jecris-ton-pixel/#comments Wed, 02 Sep 2009 23:02:52 +0000 Epelboin http://owni.fr/?p=3191 HM Studio et GoodDesign, soutenus par Reporters Sans Frontières, lancent aujourd’hui un concours ouvert à tous les créatifs du monde sur le thème de la liberté d’expression, et plus particulièrement de sa répression dans les régimes totalitaires.

Le jury, qui comptera parmi ses membres des personnalités telles que Marjane Satrapi, la co-réalisatrice de Persepolis, Reza Abedini et Saed Meshki, éminents graphistes iraniens, mais également Alain Le Quernec, Pierre Bernard et Woody Pirtle, ainsi que Tommaso Minnetti et Pasquale Volpe, les fondateurs d’un des projets de communication humanitaire les plus ambitieux à ce jour, Good50×70.

L’objet du concours est de réaliser un poster faisant la promotion de la liberté d’expression ou dénonçant sa répression.

“Le crayon est plus puissant que l’épée
Amenez les gens à utiliser pleinement leur liberté d’expression pour faire changer les régimes autoritaires”

Les inscriptions sont ouvertes aujourd’hui et se clôturerons le 15 novembre, les lauréats seront annoncés en décembre. Les 100 meilleurs posters réalisés seront publiés dans un livre et exposés à Paris, les gagnants recevront également différents prix dont des workshops dans plusieurs écoles d’art parisiennes et des abonnements au magazine Etapes, une référence dans le monde du graphisme.

Plus d’information ici.

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La riposte graduée selon Odebi http://owni.fr/2009/08/26/la-riposte-graduee-selon-odebi/ http://owni.fr/2009/08/26/la-riposte-graduee-selon-odebi/#comments Wed, 26 Aug 2009 20:21:39 +0000 Epelboin http://owni.fr/?p=2831 yalta-hadopi La riposte graduée, rappelons le, n’a pas été inventée par Pascal Rogard, ce dernier n’en a fait qu’une odieuse contrefaçon, bafouant les droits d’auteur de Robert MacNamara, dont les descendant n’ont – à notre connaissance – pas (encore) porté plainte.

Le principe de base de la riposte graduée est simple : plutôt qu’une attaque massive contre les internautes téléchargeurs, telle qu’elle a été pratiquée aux Etats-Unis, et qui n’a eu pour seul effet que de détruire l’image de marque des majors à travers bon nombre de procès aussi retentissants que ridicules, on frapperait de façon plus légère mais plus systématique.

Le coup de génie de la SACD et de la mission Olivennes, qui avaient bien appréhendé l’effet dévastateur de la tactique américaine en terme d’image pour leur crémerie, fut sans nul doute de faire porter (et financer) le dispositif par l’Etat, pensant au passage s’épargner les retombés négatives (et faire de substantielles économies).

C’était sans compter sur la réaction du “corps social” de l’internet, qui s’est largement rebellé, a intensivement communiqué, et a fini par convaincre suffisamment de politiques que tout cela n’allait pas dans le bon sens. Acte 1, Hadopi 1.

Acte 2, Hadopi 2

Nous voilà donc à la veille de Hadopi 2, plus méchant, plus féroce, basé sur la doctrine des représailles massives, avec un camp des pro Hadopi qui ne s’imagine pas un instant que le camp d’en face puisse, lui aussi, proportionner sa riposte.

Ceci n’est pas une guerre froide, c’est une guérilla !

Ce modèle de la guerre froide, qui traîne de toute évidence dans la tête de nos chers dirigeants, est particulièrement à coté de la plaque. S’ils forment, du coté du pouvoir en place et des lobbys, un front – relativement – uni, ayant une stratégie commune, ce n’est absolument pas le cas du camp d’en face.

Avec la même assurance que l’armée américaine arrivant à Bagdad, les pro Hadopi risquent fort de s’apercevoir, trop tard, que leurs adversaires sont divers, variés, aux motivation éclectiques, et aux tactiques multiples. Pire encore, il n’existe entre eux aucune coordination formelle, ni même d’accord tacite entre ce qu’il convient de faire et ce qui, au contraire, n’est pas admissible. Pas de convention de Genève du cyberespace, somme toute.

C’est là qu’arrive la ligue Odebi et ses positions pour le moins radicales. Fondée initialement pour porter la voix des consommateurs face à des fournisseurs d’accès abusifs, la ligue Odebi a trouvé dans Hadopi un bain de jouvence. Devant l’incapacité des anti Hadopi à transformer dans le réel leur protestation en ligne, elle a appliqué l’un des conseils de l’Art de la Guerre, faire entrer l’ennemi sur son territoire pour mieux l’attaquer.

Or c’est précisément ce qu’est en train de faire le pouvoir en place. Site média Elyséen en vue, site collaboratif du parti au pouvoir à l’horizon, présence de plus en plus marquée sur Facebook et autre lieux sociaux, petit à petit, les tenants de l’Hadopi investissent – plus ou moins maladroitement – les grandes plaines de l’internet. Plaines où, là encore Sun Tzu le leur aurait proscrit, ils sont totalement à découvert.

Les premiers attentats suicides, annonciateurs d’un carnage à venir

La tactique de la ligue Odebi est très similaire à celle des attentats suicide coordonnés, les morts restants virtuels, bien sûr. Dans un premier temps, l’armée recrutée par la Ligue, qui compterai à ce jour plusieurs centaines de volontaires, équipés de tous les moyens nécessaires pour parcourir le web de façon intraçables, se créent des identités sur une multitudes de plateformes en prévision d’attaques à venir. Ils se fondent dans la population, tout comme Mohamed Atta en son temps, attendant le signal qui déclenchera une opération dont ils ne connaissent pas les détails, jusqu’au dernier moment.

Une fois le signal lancé, ils fondent sur la cible qui leur a été désignée et font exploser leurs bombes, consistant à exposer aux yeux de tous les motifs de leur mécontentement, largement argumentés. Les arguments contre Hadopi étant totalement imparables, il ne reste aux malheureuses victimes que la solution de la censure, un véritable aveux d’impuissance publique. Evidemment, l’identité créée en prévision de l’attaque est définitivement hors d’usage, mais qu’importe, rien de plus simple que d’en créer une nouvelle, et on imagine bien que l’armée Odebi dispose déjà, en réalité, d’une quantité impressionnante de fausses identités, prêtes à se faire exploser à tout moment, un peu partout dans les rangs des pro Hadopi.

Pour l’instant, les victimes se nomment François Fillon sur Facebook ou Patrick Bruel. Le signal est clair, pour les politiques sur Facebook, le terrain est désormais miné – Fillon s’est résolu a effacer toutes les contributions sur sa page. Pour les artistes pro Hadopi, leurs opérations marketing sur internet sont désormais compromises, ils n’y sont plus les bienvenus, et toute tentative de com’ de leur part sera désormais systématiquement sabotée. Plusieurs des artistes victimes des attentats de la Ligue se sont résolus à fermer tout bonnement leurs sites participatifs. Plus moyen pour eux d’interagir avec leur fans.

Il y a toutes les chances que de telles opérations se reproduisent encore et encore, tout d’abord parce que – comme les candidats au suicide d’Al Quaïda, peu de volontaires suffisent pour provoquer des dégâts conséquents, visibles, et semant la panique dans les rangs des opposants, ensuite parce que leur stratégie est imparable, efficace, et a toutes les chance de remporter l’adhésion des internautes, ainsi que d’en inspirer d’autres (moi même, d’ailleurs…)

La tentation de l’illégalité

La Ligue prend soin – pour l’instant – de rester dans la légalité, les messages que son armée poste dans les îlots des pro Hadopi sont un rappel des arguments contre la loi, des copier-coller de différents articles qui ont fait référence dans la lutte contre Hadopi (dont certains sont issus de ce blog, au plus grand mépris du respect des droits d’auteurs ;-). Rien d’illégal jusqu’ici (aucun des auteurs des articles recopiés n’ayant la moindre intention de porter plainte).

Deux choses pourraient pousser la ligue dans l’illégalité. La première serait une décision de justice, sous l’amicale pression du pouvoir. La seconde serait une décision de la Ligue elle-même, qui mettrait à exécution sa menace – redoutée – de publier publiquement les casiers judiciaires de tous les députés ayant voté pour Hadopi.

Quelque soit ce qui pourrait pousser la Ligue a passer dans l’illégalité, nous assisterions de façon irrévocable à une course – de part et d’autre – aux armements.

Faire passer des professionnels de l’internet dans l’illégalité, c’est les mettre dans le même camp que les gestionnaires de botnet – ces réseaux d’ordinateurs zombie capables de faire tomber Twitter – des spammeurs, des fabricants de virus et autres criminels du cyberespace. Autant dire que cela ne ferait qu’élargir quasiment à l’infini leur capacité ‘militaire’, leur potentiel de nuisance face à un pouvoir en place obstiné serait quasiment illimité. C’est en déclarant la pornographie illégale sur le territoire Russe, par exemple, que les marketeux du X slaves se sont fait une spécialité dans le spam.

Peu de chance, dans une telle confrontation, que l’Etat et ses amis arrivent à maintenir en place un seul de leurs sites, on se rappelle de la facilité avec laquelle le site ‘jaimelesartiste.com’ avait été rayé de la carte. Tous les sites d’artistes et les sites de politiques seraient potentiellement menacés.

Mais le pouvoir, en face, ne manquera pas de faire, lui aussi, la course aux armements. Censure, répression, obligation pour tous les sites participatifs de recueillir des preuves d’identité comme en Corée, quitte à piétiner l’économie numérique Française et les libertés fondamentales, l’Etat a lui aussi un potentiel non négligeable dans la course aux armements. Le budget (pour l’instant modeste, de quelques dizaines de millions) pour la cyber sécurité annoncé par François Fillon avant l’été préfigure d’ailleurs cela.

Qui gagnera au final ? La Ligue, qui aurait vite fait de s’organiser en réseau, ne pourra très vraisemblablement jamais être démantelée, le pouvoir en place pourra, face à un internet qu’il stigmatisera facilement comme étant dans le camp des méchants, mettre en place un véritable minitel 2.0 où seules les sources officielles seront en mesure de s’exprimer et où tout le monde sera surveillé, les seuls perdants seront, en réalité, les internautes (et l’économie numérique). La population civile, en quelque sorte, coincée entre la folie (e)meurtrière des uns et les ambitions (e)despotiques des autres (une situation classique en temps de guerre, me direz-vous).

Dès lors, la menace de la Ligue de publier les casiers judiciaires des députés pro Hadopi est plus une menace pour les internautes que pour les députés. Jamais un homme politique Français n’a vu sa carrière menacée par de telles révélations, et même si la Ligue, on s’en doute, publiera par la suite bon nombre de révélations gênantes pour le pouvoir, qui pour l’instant prennent la poussière dans la plupart des salles de presse parisiennes, discréditer une classe politique déjà mal en point ne fera pas avancer grand chose.

Car les sources d’informations de la Ligue en matière de révélations gênantes sont presque infinies, les anti Hadopi étant partout où se trouve le numérique, c’est à dire tout près de l’information. La quasi totalité des personnes compétentes en matière d’internet est contre cette loi, et le taux de conversion parmi celles-ci, au coté ‘obscur’ de la lutte risque fort d’entrainer aussi bien un responsable de l’informatique au ministère du budget, qui aurait vite fait de récupérer les déclarations d’impôt de la classe politique, que des membres des forces de police, sans compter nombre de journalistes, frustrés, à juste titre, de n’avoir pas avoir été autorisés par leur direction à écrire au sujet d’Hadopi quand la bataille faisait rage au sein de la blogosphère, c’est à dire jusqu’au dernier moment, quand le PS a fait échouer le vote final de la loi.

Cessez le feu ?

En Allemagne la guerre a déjà commencé, ce sont désormais une très large part des internautes qui se rebellent contre la classe politique, au point que Der Speigel se pose ouvertement la question de savoir si “les partis de gouvernement se mettent à dos toute une génération” (ce qui éclaire d’un jour nouvau la stratégie du PS, entre se mettre à dos les artistes en maison de retraite et les jeunes, sur le plan électoral, il n’y a pas photo).

L’annonce, via le Canard Enchaîné, du report de la loi Loppsi, avait donné l’espoir d’une possibilité de négociation et de dialogue entre le pouvoir et une représentation improvisée des internautes, et l’aspect juridiquement ridicule d’Hadopi 2 le condamnait, presque à coup sûr, à n’être qu’une loi inapplicable de plus, si tant est que son décret d’application soit publié. Mais de nouveaux éléments – en dehors de la menace de la Ligue Odebi – font craindre désormais une guerre nucléaire.

La charge de Franck Louvrier dans les colonnes du Monde, la semaine dernière, vécue par la plupart des activistes anti Hadopi comme une provocation, semble n’avoir pour seul but que de mener à cette guerre, mais il serait bon, au sein du camp des anti Hadopi, de mesurer à quel point le pouvoir est décidé (ou non) à passer à l’échelon supérieur dans la guerre qui l’oppose à internet avant de déclencher l’arme nucléaire, ou plutôt la guérilla à outrance, pour reprendre ma métaphore Irakienne.

Les projets de carte d’identité numérique qui se dessinent derrière la dialectique douteuse du conseiller de l’Elysée oublient que – contrairement à ce qu’il se passe en Corée – la plupart des plateformes participatives utilisées en France (en dehors de Skyrock) sont d’origine étrangère – faiblesse de l’économie numérique locale oblige – et que les américains, eux, seront totalement opposés à ce concept. Cette menace ne repose en réalité sur pas grand chose, elle ne ferait que faire disparaitre les plateformes communautaires Françaises au profit de leurs concurrentes américaines.

D’un autre coté, lancer la première attaque nucléaire serait, pour la Ligue Odebi, une responsabilité immense. Qui peut un instant imaginer que des députés, déjà lourdement soupçonnés de passivité face à un exécutif qu’ils sont censés équilibrer, si ce n’est tout bonnement de corruption, puissent prendre le risque de céder au chantage de la Ligue pour ajouter à la liste des qualificatifs celui de pleutres ?

Le passage d’une confrontation dialectique – remportée de façon flagrante par les anti Hadopi – à une véritable guerre aura des conséquences dramatiques. L’économie numérique Française en sera la première victime, l’image de marque de la France comme pays des droits de l’Homme viendra juste après, Hadopi ayant braqué toute l’attention des média étrangers, notamment anglosaxon, sur les suites que le gouvernement Français donnera à l’échec de Hadopi 1.

Nul doute que ces média se délecterons des révélations faites, que ce soit les casiers judiciaires des députés ou la multitudes de scandales jusqu’ici étouffés qui ne manqueront pas d’apparaître au grand jour. Nulle doute que la montée d’une dictature en ligne, à l’heure où les pays anglo-saxons s’efforcent, avec plus ou moins de succès, à plus de transparence en ligne et à l’e-démocratie, transformera irrémédiablement l’image du pays.

Encore une fois, personne ne sortira vainqueur d’une telle confrontation. Il est temps de poser les armes et de dialoguer. Hadopi était une erreur, cette loi n’a fait que détruire une bonne part de la relation de bon nombre d’artistes à leur public – écueil que les artistes anglais ont évité à tout prix, et a semé le doute dans l’esprit de toute une génération sur la légitimité d’une classe politique à les représenter, à défaut de les comprendre. Il est probablement temps d’arrêter les dégâts avant que Hadopi ne devienne synonyme d’une perte de confiance totale de toute une génération dans leurs institutions républicaines.

> article cross-posté depuis RWWfrance par Fabrice Epelboin /-)

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L’internet et son potentiel démagogique http://owni.fr/2009/08/22/internet-et-son-potentiel-demagogique/ http://owni.fr/2009/08/22/internet-et-son-potentiel-demagogique/#comments Sat, 22 Aug 2009 10:20:05 +0000 Epelboin http://owni.fr/?p=2613 franck-louvrier-le-monde Alors que l’UMP s’apprête à sortir un site de campagne communautaire dont beaucoup prédisent qu’il sera au pire un champ de bataille, au mieux une ‘zone verte’ à l’Irakienne, le conseiller en communication de la présidence se laisse aller à un parallèle entre Obama, Twitter, l’Iran et Hadopi, trouvant, par un procédé ‘dialectique’ connu sous le nom d’association libre un ultime moyen de justifier la loi Hadopi 2.

La rigueur du raisonnement prête à rire, mais les faits que Franck Louvrier met bout à bout – à défaut de les articuler – sont pour la plupart parfaitement inexacts. A priori, il ne s’agit même pas d’un mensonge, mais plutôt d’une ignorance crasse du sujet qu’aborde le conseiller en communication de l’Elysée : si l’on savait de quoi l’on parle en matière d’internet dans l’intimité du pouvoir, on en serait jamais arrivé là.

Les Iraniens se marrent

Enfin… Presque. A vrai dire, il y a en réalité très peu de chance que les Iraniens apprécient d’être ainsi instrumentalisés pour défendre une loi rédigée par des lobbies de l’industrie du disque refusant le temps qui passe avec autant de vigueur qu’une octogénaire Californienne à la veille de son ultime lifting. Pas plus qu’il n’apprécieraient de voir leur histoire contemporaine réécrite pour les besoins de la communication d’un chef d’état étranger.

La réalité de l’usage de Twitter, lors des émeutes suites aux dernières élections Iraniennes, est fort éloignée de ce que décrit le conseiller en communication de l’Elysée, il faut dire que les contresens qu’il aligne sont issus de la presse dans laquelle il publie sa tribune.

Il n’existe en réalité qu’à peine quelques centaines d’utilisateurs actifs sur Twitter en Iran, pas grand monde, en réalité. Et si le pouvoir a bel et bien tenté de polluer Twitter avec des ‘faux’, ceux-ci ont été presque immédiatement repérés, isolés et exclus. Leur impact a été nul.

A aucun moment, durant la ‘révolution verte’ Twitterisée, le pouvoir Iranien n’aura réussi à ne serait-ce que perturber le canal de communication établit par cette chaîne humaine établie à travers Twitter, et ce n’est pas faute d’avoir essayé, bien au contraire. Franck Louvrier peut se rassurer, il n’y a aucun risque de voir Tweeter menacé par des contrefacteurs, ceux-ci en sont exclus rapidement, ce type de communauté, comme la plupart des communautés sur internet, s’autorégule.

La réputation sur internet

C’est encore un aspect des réseaux et du web 2.0 qui aura échappé à l’Elysée et à ses conseillers. Sur le web, vous disposez d’un capital réputationel, et si vous faites n’importe quoi, votre réputation tombe à zéro assez rapidement. Du coup, votre pouvoir d’influence disparaît, ainsi que celui qui consisterait à manipuler l’opinion des autres.

Un drame pour un conseiller habitué à utiliser une presse au ordres pour faire précisément cela.

L’internet, ce foutu internet, n’obéit décidément pas aux même règles, aux même logiques, autant dire que les opérations à venir d’Elysée.fr et des “Créateurs du possible” sont très mal parties.

Dieu merci, Le Monde est là, et même si son tirage est inférieur à celui d’un journal municipal et ses statistiques de fréquentation aussi crédibles qu’un sondage Opinion Way, (autant dire fort éloignées de la réalité) il est (encore) lu (et cru) par bon nombre de parlementaires, or c’est bien à eux que la tribune de Franck Louvrier est destinée.

“Ce qui menace Twitter, c’est moins la censure que la contrefaçon, la copie”

Oui, sans le savoir, Franck Louvrier a raison. La copie, connue sur Twitter sous le nom de Retweet, est une véritable menace. Elle brouille la lisibilité de Twitter, diminue le nombre de caractères disponibles – déjà que 140 ce n’est pas beaucoup – oui, osons le dire bien haut, Franck Louvrier a raison, la copie menace Twitter, et il est temps de faire quelque chose.

Twitter a d’ailleurs bien entendu la complainte de Franck Louvrier. Sous peu, son API permettra d’intégrer directement le mécanisme de copie – de retweet – (ou de contrefaçon, question de point de vue) afin d’en faciliter l’usage et d’en démultiplier la force. Bientôt ce mécanisme de “buzz” dont Mr Louvrier chante les louanges sera encore plus puissant. De quoi se plaint-il donc, dès lors ?

De rien, en pratique. C’est un passage obligé dans ce qui lui fait office de démonstration pour passer de la révolution Iranienne, via de supposés copieurs de Tweet – ceux qui ont participé à la propagation des messages issus d’Iran -, amalgamés à un pouvoir Iranien qui aurait émis de fausses informations via Twitter (on met les deux dans le même panier, donc), qui lui permet, dans une démonstration plus qu’acrobatique, de rebondir sur Hadopi.

“il en va de même pour l’étudiant révolté des rues de Téhéran que pour l’artiste qui enregistre sa chanson à Paris : l’enjeu est de s’assurer que la vaste diffusion de son message n’étouffe jamais le lien qui l’unit à chacun de ses destinataires.”

Adieu donc viralité et réseau propre au web 2.0, on chante ici les louanges des bon vieux mass média d’antan, qu’il suffisait de contrôler pour s’assurer d’une certaine emprise sur l’opinion. Plusieurs commentateurs voient même dans les propos de Franck Louvrier l’annonce d’une labelisation de site s des sites d’information “sérieux” (entendez : contrôlés par des amis), afin d’aider les pauvres citoyens à distinguer entre une information officelle et une information qu’on préfèrerait cacher.

Échange de bon procédés pour Le Monde ? Alors que l’audience de son site web s’effondre, le journal – qui a passé Hadopi sous silence jusqu’au dernier moment (on se demande pourquoi… ou pas) – aurait bien besoin d’un tel label pour contrer la montée en puissance des blogs et autres “pure players” où l’information est plus… libre.

Reste que comparer des Iraniens qui risquent leur vie en défendant une certaine idée de la démocratie à Maxime Leforestier qui risque de voir son ISF diminuer l’année prochaine si ses ventes d’albums continuent de chuter, voilà que ne va pas contribuer à faire remonter l’image de la France en Iran, que ce soit sur le plan de la morale et de l’éthique ou celui de la rigueur intellectuelle.

“L’enjeu est la vérification des sources, dont la responsabilité repose sur la vigilance des professionnels de l’information”

Absolument, mais où sont-ils, ces professionnels ? Au Monde ? Il y a quelques mois, c’est en faisant un parallèle entre piratage et terrorisme que ce qui fut naguère un journal respectable justifiait Hadopi. La source ? Un lobby dirigé par les plus éminent néo conservateurs américain qui a beaucoup œuvré pour la guerre en Irak.

Faire passer les pirates pour les financiers d’Al Quaïda n’a pas marché, essayons donc de les assimiler au pouvoir Iranien.

Appliquer à ceux qui ‘partagent’ sur internet les même méthodes de dénigrement et de propagande que celle qu’avait appliqué Georges Bush à tous ceux contre qui ils souhaitait partir en guerre, la ficelle est un peu grosse, non ?

Le territoire médiatique qui semble se dessiner pour accompagner l’arrivée d’Elysée.fr dans la sphère des média semble curieusement familier pour ceux qui ont suivit l’évolution des média aux Etats Unis ces dix dernières année. Une fois de plus, la France est à la traine et suit ce qu’il s’y passe avec un temps de retard. Vivement Obama.fr.

Je résilierai bien mon abonnement au Monde… mais c’est déjà fait.

Article cross posté sur Read/Write France

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Qu’est qu’une information ? http://owni.fr/2009/08/19/quest-que-linformation/ http://owni.fr/2009/08/19/quest-que-linformation/#comments Tue, 18 Aug 2009 23:45:20 +0000 Epelboin http://owni.fr/?p=2456 Cliquer ici pour voir la vidéo.

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Post-it en stop motion http://owni.fr/2009/08/17/post-it-en-stop-motion/ http://owni.fr/2009/08/17/post-it-en-stop-motion/#comments Mon, 17 Aug 2009 09:58:35 +0000 Epelboin http://owni.fr/?p=2366 Cliquer ici pour voir la vidéo.

Une journée de travail devant un PC…

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Le guide des bonnes manières sur Facebook http://owni.fr/2009/08/17/le-guide-des-bonnes-manieres-sur-facebook/ http://owni.fr/2009/08/17/le-guide-des-bonnes-manieres-sur-facebook/#comments Mon, 17 Aug 2009 08:42:03 +0000 Epelboin http://owni.fr/?p=2363 Cliquer ici pour voir la vidéo.

Il y aurait de quoi écrire de nombreux articles, mais cette vidéo résume très bien – et de façon bien plus drôle qu’un article – les bonnes pratiques concernant l’usage de Facebook dans un couple… (trouvée via @semioblog)

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Hitler n’est pas content du dernier coup de Facebook http://owni.fr/2009/08/11/hitler-nest-pas-content-du-dernier-coup-de-facebook/ http://owni.fr/2009/08/11/hitler-nest-pas-content-du-dernier-coup-de-facebook/#comments Tue, 11 Aug 2009 17:30:42 +0000 Epelboin http://owni.fr/?p=2284 Cliquer ici pour voir la vidéo.

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Candide chez les politiques http://owni.fr/2009/07/24/candide-chez-les-politiques/ http://owni.fr/2009/07/24/candide-chez-les-politiques/#comments Fri, 24 Jul 2009 19:11:11 +0000 Epelboin http://owni.fr/?p=2098 Je me souviens d’un temps, que les moins de vingts ans… Une époque où internet apparu pour la première fois au cœur de toutes les conversations, où les bourses flambaient, et où les rigolos dans mon genre, qui étaient déjà sur internet depuis des lustres (entendez : moins de dix ans), étaient, pour beaucoup, devenus des geeks millionnaires, courtisés par la haute finance et prenant le Coste pour cantine.

L’incompréhension profonde par le milieu de la finance de ce qu’était l’internet de l’époque a provoqué une multitude d’anecdotes dont je régale (ou gonfle, c’est selon) mes amis, à travers des récits d’ancien combattant. Accessoirement, et même si le raccourci est (trop) facile, cette incompréhension a provoqué une bulle financière mémorable, qui a tout emporté. Adieu veau, vache, cochon, Mercedes et Rolex, et surtout, bye bye économie numérique à la Française.

S’en est suivi un hiver nucléaire de quelques années, après lequel l’internet est reparti, timidement. La mode était passé, – définitivement, selon certain – internet était presque devenu un havre de paix, une affaire de spécialistes. Innovations frénétiques dans les usages (le fameux web 2.0), financiers de nouveau priapiques (mais dans des proportions bien plus raisonnables), le petit monde de l’internet renaissait de ses cendres, au point de regarder, goguenard, celui de la finance s’immoler par l’argent grâce aux belles modélisations des quants, qui avaient, entre temps, trouvé le moyen de plomber le système financier tout entier avec autre chose qu’internet.

Mais depuis un peu moins d’un an, le petit monde tranquille de l’internet Franco-Français voit débarquer de nouveaux extraterrestres : les politiques.

Le politique pensait, au début, arriver sur internet à la façon d’un conquistador espagnol lors de ses premiers pas au Pérou. Obama l’a fait, yes we can ! La recette du succès, les mines de Potosi, étaient là, quelque part. Un petit club de spécialistes, fraîchement débarqué sur le territoire d’internet en explorateurs quelques années auparavant, se chargeant de leur faire faire le tour du propriétaire.

Patatras, Hadopi fut pour le politique un brutal rappel à l’ordre. L’internet n’est pas une technologie, pas plus qu’un média, encore moins un “formidable moyen d’accès à la connaissance“, c’est un corps social mondialisé, techno-médiologico-machintruc, c’est affreusement compliqué, et manque de bol, ça réagit quand on l’agresse.

Imaginez une armée de conquistadors tombant sur une brigade du GIGN suréquipée, là où ils pensaient trouver des tribus d’indiens barbares, et vous avez un aperçu de la bataille d’Hadopi, du moins, avant que le PS ne s’empare du sujet, que les média ne cessent leur censure, et que certains, par conviction, par réflexe, ou par opportunisme, ne se rangent aux cotés des idées de ceux qui ressemblaient à l’avenir (sans les comprendre, la plupart du temps).

Il n’en reste pas moins qu’à droite comme à gauche, en haut comme en bas, la plupart n’y comprennent rien. En moins d’un an, j’ai pu croiser à peu près tout ce que la sphère politique abrite comme animal dans son écosystème : militants, maires, députés, ministres… Un sur cinq tout au plus comprend qu’il ne comprend pas – première étape indispensable pour aller plus loin. Les autres se contentent d’effleurer le sujet, de mettre des ronds dans des carrés : après tout, cela a fonctionné pour tant de choses.

Voilà comment je me suis retrouvé à tenir régulièrement le rôle de Candide – d’autres diraient de poil à gratter – du geek face au politique. Quarante ans bientôt, dix sept a faire du multimédia sous toutes ses formes, serial entrepreneur (pas très valorisant en France, mais les politiques semblent apprécier cela), et surtout “évangéliste” (ou bonimenteur, question de point de vue) d’idées neuves, telles l’open source, les creative commons, les nouveaux modèles collaboratifs, le partage (numérique), l’économie hybride, la Culture Libre, la réforme du droit d’auteur, et j’en passe.

En prenant ces choses à la légère, on pourrait y voir une idéologie de gauche. Il n’en est rien, et ma sensibilité personnelle n’a rien fait pour clarifier ce point. Tout cela n’est ni de gauche ni de droite, vouloir faire entrer ces valeurs dans les cases du passé est le premier signe d’un syndrome très répandu, celui de la poule et du couteau (sauf dans le cas des joutes entre Kevin Kelly de Wired et Lawrence Lessig de Creative Commons, sur ce même sujet, où l’on est dans un jeu bien plus sophistiqué de prise d’assaut du politique par les geeks, mais les américains ont toujours un train d’avance, que voulez-vous).

La confrontation de ce corpus idéologique que je défends, à celui que portent les politiques que je croise est – de façon quasi systématique – l’objet de chocs culturels qui ravissent certains dans mon entourage, qu’ils soient politoloques, journalistes, communiquants, patron de presse ou autre. Pour les politiques qui m’invitent à leur table, c’est l’occasion, pour les plus malins (si, si, la plupart le sont), de réaliser que tout cela ne relève pas du superficiel et qu’il leur manque des clés de lecture, qu’un simple dîner, même dans un bon restaurant, ne suffira jamais à combler.

Le jeu s’est affiné, avec le temps, au bout d’un moment, je me suis mis – par réaction, si ce n’est par provocation – à faire entrer à mon tour des carrés dans des ronds. Une démonstration du fossé par l’absurde, en quelque sorte ; il y a peu, en montrant à Hervé Morin à quel point ses ‘droits fondamentaux numériques‘ étaient un enfer pavé de bonnes intentions pour quiconque possédait les bonnes clés de lecture, plus récemment, face à un Julien Dray virulent sur sa volonté d’exclure ceux qui avait trahi son camp, à qui j’opposais les modèles d’organisation souples et dynamiques, orientés projet. Un grand classique dans l’open source, les standards ouverts et dans les startups de toutes tailles, qui jugeraient ce type de comportement absurde et radicalement contre productif.

L’ouverture de Sarkozy comme innovation organisationnelle face à au système d’appareil pyramidal et définitivement calcifié du PS, incapable de produire quoi que ce soit, et l’épistémologie du web 2.0 pour démontrer à quel point la bataille était perdue d’avance.

Je vous laisse imaginer le regard inquiet que portait sur moi la foule de bloggeurs (de gauche) qui participait à la rencontre, me pensant (à juste titre) de gauche, tout comme eux, me voyant démontrer en quoi l’organisation de l’UMP (et accessoirement d’Europe Ecologie) décimerait à coup sûr un PS qui n’a rien à envier à la General Motors, et en quoi la modernité et le progrès se trouvaient dans le camp d’en face.

Cette inquiétude, peut être partagée par Julien Dray (allez savoir, au delà d’un certain niveau, les politiques sont aussi difficiles à lire que les joueurs de poker professionnels), me laisse penser que derrière les discours consistant à prôner la disparition du PS, se cache une envie de réforme et de prise de pouvoir plus qu’autre chose.

Tout cela ne m’empêchera pas de continuer à scruter ce que l’internet offre à la démocratie (ou aux dictatures) en terme de nouveaux horizons, mais j’ai de plus en plus la conviction que ce n’est pas demain la veille que nos politiques en feront autre chose qu’un gadget.

Plus j’avance dans ce monde curieux, plus je me dis qu’il est temps d’aller cultiver mon jardin.

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Twitter, twitter, twitter… http://owni.fr/2009/07/20/twitter-twitter-twitter/ http://owni.fr/2009/07/20/twitter-twitter-twitter/#comments Mon, 20 Jul 2009 11:00:59 +0000 Epelboin http://owni.fr/?p=1990 readwriteweb France Beaucoup de gens pensent que Twitter est un flux de pensées futiles, symptomatiques d’une culture qui se perd, irresponsable et egocentrée, à la recherche d’une micro célébrité et surfant sur le buzz. Ils pensent que c’est stupide.

En pratique, la plupart des gens pensent que c’est stupide jusqu’au moment où ils s’y mettent sérieusement. Moi même, j’ai trouvé cela idiot jusqu’au jour où je m’y suis mis. Sérieusement. C’est depuis devenu un compagnon indispensable pour ma veille, ainsi que pour une multitude d’autres interactions, devenues quasi quotidiennes.

Certaines personnes s’essayent à Twitter parce que les média en parlent (beaucoup trop), d’autres parce que leurs amis l’utilisent, et d’autres encore parce que c’est à la mode et qu’ils ne peuvent envisager de ne pas l’être, de ne pas y être.

Quand vous arrivez sur Twitter, ceci dit, et une fois que vous y avez fait suffisamment de connections (une sérieuse barrière à l’entrée que peu de gens franchissent), Twitter prend toute sa signification. Une fois que suffisamment de personnes se sont connectées à vous, que vous avez, comme ces ‘power users’ que les média interrogent, votre propre caisse de résonance, Twitter révèle toute sa puissance.

Une barrière à l’entrée conséquente

C’est l’un des premier paradoxes de Twitter, malgré une prise en main à la portée d’un enfant de 7 ans, ou plutôt à la portée d’un vieillard de 77 ans, la barrière à l’entrée est énorme.

Sans personne à écouter, Twitter est vide, et la sélection des bonnes personnes à écouter (‘following’ dans le langage Twitter) est une tâche difficile. Cela peut prendre des semaines, voir des mois, avant d’avoir constitué un groupe duquel sortira un signal chaotique, qu’il faudra ensuite traiter. Là les outils présents sur le site de Twitter s’avérerons vite limités, on se retournera vers des outils dédiés, tels Tweetdeck ou Seesmic, qui permettrons de filtrer, de rechercher, de classer, bref, de traiter un signal brut. Pas évident, et surtout, très long. En pratique, la mise au point n’est jamais réellement terminée et impose de constant ajustements.

Ensuite, il s’agira d’être écouté. Pour les chanceux – c’est mon cas – qui disposent déjà d’une audience, il sera relativement facile de se constituer un groupe de personnes désireuses d’écouter ce que vous voudrez bien balancer dans le système, mais pour les primo arrivants, cela peut être long, très long, d’autant qu’il n’est pas question de faire des requêtes, comme sur Facebook, il s’agit de dire des choses intéressantes, qui feront que d’autres, pour peu qu’ils vous entendent, vous jugeront digne d’être écouté. C’est long, très très long, et souvent décourageant.

Alors que l’une des clé de la réussite dans la conception d’un système social consiste habituellement a offrir une gratification immédiate à l’utilisateur, Twitter fait exactement le contraire. Et pourtant, ça marche.

Cette double barrière à l’entrée explique le nombre très conséquent d’abandons. De personnes qui ont essayé, et qui ont baissé les bras, pensant souvent avoir compris, cachant parfois leur renoncement derrière un jugement hâtif.

Ils sont faciles à identifier, quelques dizaines, voire centaines, d’utilisateurs écoutés (following), moins de dix personnes qui les écoutent, quelques semaines d’activité tout au plus, puis plus rien. Ceux là ont souvent les jugements les plus sévères vis à vis de Twitter : Ils sont trop verts, et bons pour des goujats.

Pas si simple

Twitter est d’une extrême complexité, avant tout, parce qu’il est d’une simplicité déconcertante. Son interface est aussi basique que celle de Google : une boite de saisie, précédée d’une question simple, “que faites vous ?”, et suivie d’un bouton pour valider un message limité à 140 caractères.

La complexité est ailleurs, dans la nature du réseau social qui structure Twitter, et dans les usages que ses utilisateurs en font.

Le réseau social que chaque utilisateur est appelé à se constituer sur Twitter, et qui est particulièrement long à mettre en place, est particulier. Contrairement à ce à quoi nous avait habitué les systèmes sociaux tels que Facebook, Linkedin, Viadeo ou MSN Messenger, il est dissymétrique. Ceux auxquels vous vous connectez – que vous écoutez – ne sont pas nécessairement connectés à vous – ne vous écoutent pas en retour, ou pas toujours. Ce simple artefact dans la géométrie des réseau sociaux a des conséquences incroyables.


(visualisation d’un réseau Twitter par Nimages DR)

Alors qu’un statut – ce court message de 140 caractères – sera partagé au sein un réseau fermé – fait de personnes cooptées – sur Facebook, il sera lu par tout ceux que cela intéresse sur Twitter, que cela vous plaise ou non. Inversement, vous serez libre de suivre les Twitts de qui vous voulez, sans accord préalable de ceux que vous écoutez.

Ajoutez à cela un usage d’une pratique courante sur Twitter, le ‘retweet’, qui consiste à relancer, à l’attention de ceux qui vous écoutent, un Tweet que vous avez entendu, et vous observerez un phénomène de propagation d’un signal comme aucun système social n’avait réussi à obtenir jusqu’ici. Un message émis par un parfait inconnu peut, par l’intermédiaire des retweets, vous arriver en quelques minutes, pour peu qu’entre vous et cet inconnu se trouvent un ou plusieurs intermédiaires qui l’ai jugé suffisamment intéressant pour le retweeter.

tw1(visualisation du réseau de Robert Scoble par Ross Mayfield)

Pour qui maîtrise cet usage et sait l’inciter, et pour peu que l’on dispose d’un auditoire d’une taille suffisante et qui juge vos propos suffisamment intéressants pour être retweetés, vos petits messages peuvent avoir un impact (on dit ‘reach’) colossal.

C’est ce phénomène, mal compris de la plupart des média qui s’épanchent sur le phénomène Twitter, qui explique l’emballement du système autour de phénomènes aussi graves que les révoltes en Iran ou aussi superficiels que la mort de Michael Jackson. C’est grâce à cela que la couverture des événements en Iran fut plus efficace avec Twitter qu’avec tout autre média, même si un bruit considérable s’est mélé au signal et que peu de gens étaient en mesure de le traiter pour en extraire de l’information (car oui, c’est d’une couverture média à laquelle on a assisté, pas une révolution soutenue par Twitter).

retweet2

(Tweet et retweets mesurés via le CTR d’un lien Bit.ly lors des débats #hadopi à l’Assemblée)

Une information en 140 caractères ? Sérieusement ?

L’autre écueil dans lequel tombent beaucoup d’analyses du phénomène Twitter est celui qui consiste à voir dans 140 caractères de l’information. Quand l’erreur est faite par un journaliste généraliste, passe encore, mais quand elle est faite par un expert de la communication comme Paul Virilio, c’est le signe, au mieux, d’un article bâclé, au pire, d’une sénilité qui s’annonce. Après tout, en 1837, Arago avait prédit au Roi une mort certaine s’il utilisait le chemin de fer, ce qui n’a pas empêché Rothchild de le financer, et la révolution industrielle de commencer. Alors Virilio qui voit dans Twitter la fin de la démocratie

En 140 caractères, vous avez, au mieux, un signal.

Tout étudiant en communication vous confirmera qu’il y a un monde entre un signal et une information. Quand les power users de Twitter veulent transmettre une information dans 140 caractères, ils y placent un lien, redirigeant ceux qui lisent leurs Tweets vers une page qui, elle, contient de l’information.

Une plateforme de (link) journalisme

Twitter est ainsi devenu le lieu privilégié d’une certaine forme de journalisme, chère à Jeff Jarvis, le link journalism, celui qui consiste à sélectionner l’information et à y apporter sa caution (de journaliste, ou d’expert). Il existe bien sûr d’autres formes de link journalism, bien plus élaborées, mais celle-ci a l’avantage de la rapidité et profite de la caisse de résonance que l’utilisateur de Twitter aura su se constituer.

Cette pratique est d’ailleurs courante, c’est elle qui fait de Twitter un outil de veille que de plus en plus de journalistes – américains pour la plupart – utilisent de façon frénétique. Une information intéressante fera ainsi, sous la forme d’un lien, le tour du monde en peu de temps, ou plutôt le tour des milieux informés, qui ont su se constituer les bon réseaux sur Twitter, en fonction de leurs centres d’intérêts. Evidement, certaines informations, elles, peuvent tenir en 140 caractères. Michael Jackson est mort, par exemple, mais pour qu’elles soit crédibles, il faudra qu’elles soit accompagnées d’un lien, ou émises par une personne disposant d’une réputation à tout épreuve.

En dehors d’événements emblématiques, attentats en Inde, révoltes en Iran, et j’en passe, la pluparts des informations qui circulent ainsi sur Twitter ne sortent pas de zones où se maillent les réseaux d’utilisateurs dont les centres d’intérêts sont proches.

Le temps réel

Google est aujourd’hui capable d’indexer le web en quelques heures, quelques jours, une semaine au pire si votre site n’est pas à ses yeux important. Un article posté sur ReadWriteWeb, par exemple, se retrouve dans l’index de Google dans l’heure qui suit, en moyenne, parfois en moins d’une demi heure : on est loin du temps réel.

Twitter est le royaume de l’instantané. Il aura fallu moins de cinq minutes entre le moment ou un internaute a lu sur un obscur site web américain l’annonce de la mort de Michael Jackson et le moment où tous ceux connectés sur Twitter ont été mis au courant via un nombre incalculable de retweets.

C’est ce temps réel du web qui est le champ de pétrole de Twitter, un champ de pétrole hors de la portée de Google, et que Facebook n’a pas la moindre chance d’atteindre, sa structure de réseau, symétrique par définition, ne lui offrant pas la possibilité de profiter de l’effet de caisse de résonance qu’offre la nature dissymétrique des réseaux de Twitter.

Un réseau de réseau ouvert sur le monde

Twitter est ouvert, très ouvert. On peu en extraire des conversations, regrouper les Tweets par auteurs, par mot clés, par tags (sur Twitter, on dit hashtag), par réseau, par localisation… On peu interagir avec Twitter à partir d’autres sites web ou avec une multitude d’outils dont la liste grandi chaque jour.

Un véritable écosystème d’applications et d’usages, ainsi qu’une multitude de startups se sont lancés aux coté de Twitter dans l’aventure, enchaînant leur destin à celui de la startup la plus hype du moment. Certains fonds d’investissement ne jurent plus que par Twitter, certaines startups, comme Seesmic, de Loic Lemeur, ont tout misé sur lui.

Twitter peut s’utiliser sur un téléphone mobile, avec un logiciel, votre blog peut l’utiliser pour vous (c’est le cas de celui ci, qui déclenche des tweets sur plusieurs comptes dès qu’un billet y est publié), Tweeter est ouvert, des signaux peuvent y entrer et en sortir facilement, c’est – le terme est souvent galvaudé – une plateforme.

Vie privée, vie publique

Twitter aboli définitivement les barrières entre vie privée et vie publique, avec les immanquables couacs liés à cette redéfinition des frontières qui font immanquablement dire aux générations antérieures que le diable, si ce n’est la fin du monde, se cache derrière le Rock n’ Roll, pardon, twitter, enfin, internet. Un phénomène qui se répète d’une génération à l’autre, depuis des temps immémoriaux. Pas de quoi s’inquiéter, juste un façon de délimiter une autre frontière, celle qui sépare les anciens des modernes – du grand classique.

Twitter peut s’utiliser pour des conversations entre deux personnes, entre plusieurs personnes, ou simplement pour lancer une message, comme une bouteille à la mer, le tout avec le même outil : un champ où l’on saisi un message, et un bouton pour le valider. Ces usages se mèlent dans un style propre à chaque utilisateurs, on trouve autant de façon de Twitter qu’il y a de Twitter.

La simplicité apparente cache une complexité qui échappe la plupart du temps à ceux qui croient, après quelques heures d’utilisation, avoir compris. Il faut en réalité plusieurs semaines avant de s’approcher, petit à petit, de la réalité qui se cache derrière twitter : une petite révolution, au même titre que le télégraphe ou le téléphone en son temps.

(ce billet est cross posté depuis ReadWriteWeb France)

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Travailler pendant un arrêt maladie : Mozinor prend parti http://owni.fr/2009/07/17/travailler-pendant-un-arret-maladie-mozinor-prend-parti/ http://owni.fr/2009/07/17/travailler-pendant-un-arret-maladie-mozinor-prend-parti/#comments Thu, 16 Jul 2009 23:03:09 +0000 Epelboin http://owni.fr/2009/07/17/travailler-pendant-un-arret-maladie-mozinor-prend-parti/ Cliquer ici pour voir la vidéo.

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